Quelques jours après une visite du président Joseph Kabila promettant la sécurisation de la région, un nouveau massacre a eu lieu ce samedi à Beni dont le bilan provisoire s’élève à une quarantaine de morts.
A un rythme de métronome, les massacres se succèdent à Beni, une ville de la l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis l’automne 2014, cette région du Nord-Kivu est victime de tueries à répétition, ayant provoqué la mort de plus de 500 personnes. Une série de massacres sans fin que les autorités congolaises attribuent régulièrement aux Allied Democratic Forces (ADF), une rébellion ougandaise installée depuis plus de 20 ans en République démocratique du Congo (RDC). Ce samedi, vers 18 heures, une nouvelle attaque s’est produite dans les quartiers de Rwangoma, Bwerere et Mbelu. Plus d’une quarantaine de corps ont été retrouvés ce dimanche matin. Des civils pour la plupart, tués à l’arme blanche, brûlés vifs ou décapités.
L’armée au coeur des critiques
Ce nouveau massacre a entraîné la colère des habitants de Beni, lassés par l’impuissance des autorités congolaises et des casques bleus de la Monusco à rétablir la sécurité dans la région. Les habitants sont descendus dans la rue ce dimanche pour manifester leur exaspération, avec pour cible l’armée congolaise et le président Kabila. Présenté comme un baroud d’honneur des ADF, traqués par l’armée congolaise, ce nouveau massacre tombe au plus mal pour le président Kabila, qui s’était rendu début août à Beni et fait promis de ramener le calme. C’est la troisième fois que le président se rend dans la région pour se pencher sur l’insécurité qui règne dans dans ce territoire du Nord-Kivu. Il faut dire que l’armée congolaise est au coeur de l’incompréhension de la population. En mars 2016, un rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) apportait un nouvel éclairage sur les tueries de Beni, espérant pouvoir faire évoluer la situation sur le terrain. Selon l’enquête, les responsabilités des massacres ne s’arrêteraient au cercle des simples ADF. Des officiers FARDC l’armée régulière, et des anciens rebelles du RCD-KML seraient également impliqués, ce qui expliquerait « l’impuissance » des autorités congolaises – voir notre article. La complexité de la structure des groupes armés, leurs accointances avec certains officiers de l’armée régulière et leurs ralliements avec d’autres groupes en fonction des circonstances, feront de cette région une poudrière inextricable tant que l’autorité de l’Etat ne sera pas rétablie.
La crédibilité présidentielle et onusienne en jeu
On pouvait espérer que les responsables politiques prendraient alors la mesure des ambiguïtés de l’armée congolaise et réagiraient rapidement. Hélas, rien n’a été fait. Idem pour la Monusco. La mission de l’ONU au Congo est bien présente sur la zone, mais elle ne se limite le plus souvent que par une protection « statique », depuis des bases dont les troupes ne sortent que pour des patrouilles « limitées ». Les pays contributeurs à la mission des casques donnent des consignes pour que ses troupes ne s’engagent pas dans « des opérations risquées. ». Le président congolais et l’ONU y jouent leur crédibilité à quelques mois de la fin de son dernier mandat, qui s’achève en décembre 2016. Trois jours de deuil national ont été décrétés
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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