L’arrivée surprise de Donald Trump à la Maison blanche va sans doute modifier la politique africaine des Etats-unis. Moins interventionniste, Trump pourrait faire sensiblement baisser la pression diplomatique sur la RDC.

Portrait officiel du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 en RDC © Ch. Rigaud – Afrikarabia
Le coup de tonnerre Trump aura-t-il des retentissements jusqu’en République démocratique du Congo (RDC) ? Les Etats-unis sont en effet en première ligne pour exiger que le président Joseph Kabila respecte la Constitution et quitte le pouvoir au soir du 19 décembre 2016. Un scénario que ne semble pas vraiment envisager le chef de l’Etat congolais qui a déjà négocié avec une partie de l’opposition son maintien au pouvoir jusqu’en avril 2018, le temps de réviser le fichier électoral et d’organiser les élections. Une rallonge que dénonce l’opposition qui accuse depuis plusieurs mois Joseph Kabila de retarder volontairement le calendrier électoral pour rester dans son fauteuil.
L’Afrique n’est pas une priorité
L’élection surprise de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale va-t-elle changer la donne à Kinshasa ? Les pressions américaines sur le camp présidentiel étaient particulièrement appréciées par l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi en tête. Ce dernier a effectué de nombreux voyages à Washington pour y trouver un soutien politique, mais aussi activer les sanctions à l’encontre de Kinshasa. Pour les opposants au président Kabila, fortement soutenus par Washington, la défaite d’Hillary Clinton devrait donc plutôt les inquiéter. L’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, dont le discours simpliste et méprisant sur l’Afrique, démontre une méconnaissance totale du continent, devrait voir les Etats-unis se détourner un peu plus de cette région du monde, loin d’être prioritaire pour le Républicain.
Baisse de la pression diplomatique
Joseph Kabila ne s’y est pas trompé en étant l’un des premiers chefs d’Etat africains a féliciter Trump « pour sa brillante élection ». Dans l’entourage présidentiel, on pense en effet qu’avec Donald Trump, les Etats-unis seront moins interventionnistes sur le continent et moins « à cheval » sur le maintien au pouvoir « hors Constitution » de certains présidents. En d’autres mots, le président congolais estime avoir désormais les mains libres pour imposer son « glissement » du calendrier électoral. Les autres pays autoritaires de la région, comme le Burundais Pierre Nkurunziza qui a été le premier a dégainer pour saluer la victoire de Trump, comptent aussi sur une baisse de la pression diplomatique américaine pour continuer à réprimer leurs opposants en toute impunité.
La fin de l’axe Clinton-Kagame-Kabila
L’opposition congolaise risque donc de perdre un allié de poids dans sa lutte pour l’alternance politique. En effet, il n’est pas si sûr que Donald Trump, qui ignore sans doute où se trouve la RDC, continue de plaider pour un départ de Joseph Kabila. Mais l’opposition est prudente et de manière toute diplomatique, elle a également félicité le nouveau président Trump, comme Moïse Katumbi, Martin Fayulu ou Olivier Kamitatu. Des félicitations qui saluent le vote du peuple américain en espérant que les Congolais puissent un jour décider eux-mêmes librement de leur destin. Sur les réseaux sociaux, certains Congolais, fervents opposants au président Kabila, ne sont pas mécontents de la défaite d’Hillary Clinton. Ils y voient la fin d’un axe Clinton-Kagame-Kabila qui pourrait ouvrir la voie à l’alternance politique. Depuis la fin du génocide rwandais et les deux guerres congolaises, les opposants du président Joseph Kabila voient la main rwandaise, tenue par les Clinton mari et femme, derrière tous leurs malheurs.
Des élections « techniquement possibles en 2017 »
Les Etats-unis n’ont pourtant pas fait une croix sur la RDC. Du moins pas pour l’instant. A peine le nouveau président Trump élu, le chargé d’affaires de l’Ambassade américaine en RDC, David Brown, a jeté un nouveau pavé dans la mare de la majorité présidentielle. Le diplomate a en effet estimé qu’il était possible de raccourcir la période transitoire avant la tenue des élections en affirmant que l’on pouvait organiser le scrutin en 2017 et non en 2018. Et même de préciser : « Nous croyons qu’il est à la fois techniquement possible et important pour la RDC d’organiser les élections présidentielle et législatives crédibles en 2017 ». reste à savoir si la nouvelle équipe Trump restera sur la même ligne. Beaucoup en doute. Deux conseillers proches de Donald Trump sont pressentis pour s’occuper du dossier africain : Riva Levinson, mais surtout son directeur de campagne, le lobbyiste Paul Manafort, qui a déjà joué les conseillers en Afrique. Auprès d’Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Libéria, mais aussi de chefs d’Etat plus controversés comme Jonas Savimbi en Angola, Mohamed Siad Barre en Somalie,Teodoro Obiang en Guinée équatoriale, mais aussi… Mobutu Sese Seko, l’ancien dictateur du Zaïre devenu République démocratique du Congo.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Certains éléments peuvent aller dans le sens d’une continuité dans la politique africaine des Etats-Unis. Le fait que Trump ne dispose pas de spécialiste du continent peut s’expliquer : les postes décisionnaires sur la politique étrangère ne sont pas tous liés à des nominations présidentielles. Donc des membres clés au bureau Afrique du département d’Etat ou du Pentagone pourraient rester en place.
affirmer que Trump ne connait pas la RDC ni sa situation géographique c’est vouloir endormir le peuple congolais. pour les intérêts étasuniens, même un enfant étasunien connait là ou se situe le pays de Lumumba.
ce qui est sur c’est que monsieur Trump, quoique nouveau venu dans le monde politique, appliquera la loi de la continuité de la politique extérieure ( sur la RDC) des USA. Et cela, pour les intérêts étasuniens dans ce pays. L’attitude de confrontation avec la Chine adoptée pendant sa campagne électorale n’est pas gratuite. La RDC étant parmi ces pays africains ayant choisit de tourner vers la Chine est dans le viseur de Trump.
le lobbyiste Paul Manafort est là pour ça. qui a dit qu’un milliardaire n’a pas besoin d’ajouter 1 dollar sur le milliard.
Mr Rigaud, je ne laisserai pas passer votre tendancieuse et moqueuse allusion : je suis Congolais mais ne mesure pas mon identité à travers « mon opposition ou mes sympathies envers « JK » et ne vois pas la main rwandaise derrière tous les malheurs du Congo », il reste que c’est Kagame qui est entré au Congo et y a exporté son « génocide » et pas le contraire…
Toutes les bonnes raisons que vous avez et auriez de défendre Kagame et son FPR (APR), et même de sanctuariser la cause Tutsi, ils furent bien victimes d’un génocide, n’écarteront jamais cette vérité que c’est d’abord leurs compatriotes Hutu qui en furent coupables (aucun Congolais n’y prit part) et que lors de cet épisode, ce ne sont pas les bourreaux Hutu qui gagnèrent la confrontation guerrière car les Tutsi, Kagame et le FPR n’y furent pas les moins armés mais au contraire bénéficièrent de toutes les aides pour mener la guerre et la gagnèrent jusqu’à exporter leur riposte en dehors du Rwanda au Congo d’où des millions de Congolais furent tués et continuent d’être tués…
L’histoire qui subsiste est toujours celle du vainqueur : Kagame et les siens furent doublement vainqueurs, moralement et militairement mais un jour certains des vaincus dans la guerre qui provoqua et que provoqua le génocide au Rwanda et surtout alentours feront entendre leur vérité…
En effet l’histoire est connue de nous tous , sans Kagame (et Museveni) « J Kabila » n’aurait jamais été installé à la tête du Congo après l’assassinat de son « père » avec la complicité des Rwandais qui deux ans plus tôt avaient pris les armes contre lui qui les avait « remerciés » après qu’il eut leur aide pour chasser Mobutu et en profitèrent pour « occuper » le Congo…
Et Kagame (et Museveni) furent substantiellement assistés lors de leur entrée au Congo en 1996 mais aussi dans leur guerre contre le Congo dès 1998 par B Clinton et les Américains…
Qu’assis sur vos sympathies vous vouliez l’écarter ou l’ignorer, mon cher Mr Rigaud, c’est bien celle-là la vérité des vaincus comme la Vérité de l’Histoire, disais-je : il y eut et il en reste des traces de cet axe (B)Clinton-Kagame-Kabila ! Je n’ai rien contre les Rwandais mais en Congolais, beaucoup contre leurs dirigeants actuels… Souffrez donc que je me permette de vous signifier tout ceci sans y trouver matière je ne sais à quel négationnisme politiquement correct : Kagame et son régime ne sont pas vierges dans les millions des morts Congolaises et dans la chronique et tragique instabilité de l’Est du Congo et « J Kabila » doit de rester à la tête du Congo grâce au soutien de Kagame et Museveni (on l’a encore vu dernièrement) ; qui peut encore en douter ?