Une allocution vide dans une salle vide… Le président congolais n’a pas rassuré ce samedi à New-York. Joseph Kabila a certes affirmé que « la marche vers les élections (était) irréversible » mais il s’est refusé à donner une date, laissant planer le doute sur les problèmes d’organisation du scrutin.
Qui peut encore croire Joseph Kabila ? En septembre 2014, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le chef de l’Etat congolais confirmait déjà la tenue des élections pour fin 2016 comme le prévoyait la Constitution. Ce samedi devant la même Assemblée à New-York, Joseph Kabila a réaffirmé que « le cap vers des élections crédibles, transparentes et apaisées, (était) définitivement fixé ». Seul souci, il n’y a jamais eu d’élections en 2016… et il n’y en aura probablement pas non plus en 2017 ! Depuis maintenant 3 ans, le pays s’est installé dans une crise politique profonde, l’opposition accusant le président congolais de vouloir retarder volontairement l’organisation de la présidentielle pour se maintenir au pouvoir, alors que son dernier mandat s’est achevé le 20 décembre 2016.
Comme en 2014, Joseph Kabila a fait quelques promesses ce samedi devant la salle quasi vide de l’Assemblée générale des Nations unies. Joseph Kabila a dit attendre « la publication prochaine du calendrier électoral » par la CENI « seule institution compétente ». Une promesse qui n’engage donc pas vraiment le chef de l’Etat, puisque la Commission ne cesse d’annoncer la publication du fameux calendrier comme « imminente » depuis … 2014. Joseph Kabila s’est tout de même félicité « du fait que plus de 42 millions d’électeurs sur 45 millions ont d’ores et déjà été enrôlés ». Avant d’apporter un sérieux bémol sur les délais pour achever l’enregistrement complet des électeurs : « le défi en vue de l’organisation des élections dans mon pays demeure énorme, tant au plan logistique, financier, sécuritaire et normatif », laissant entrevoir un nouveau report du scrutin. Le conflit meurtrier dans les Kasaï a en effet profondément retardé la dernière phase d’enrôlement, qui vient tout juste de débuter dans ces provinces, reportant de facto la présidentielle fixée par l’accord politique de la Saint-Sylvestre, fin décembre 2017.
Le seul maître du calendrier électoral
Une nouvelle fois, Joseph Kabila n’a pas rassuré sur sa volonté réelle d’organiser rapidement les élections et de quitter le pouvoir, comme l’exige la Constitution qui lui interdit de briguer un nouveau mandat. L’opposition redoute que ce manque d’entrain pour aller aux urnes soit motivé par le désir de Joseph Kabila de provoquer un référendum afin de pouvoir se présenter de nouveau devant les électeurs. A New-York, le président à réaffirmé que la question électorale dépendait uniquement de son bon vouloir et que les élections se tiendraient « sans ingérence extérieure, ni diktat quelconque »… une façon de sous-entendre qu’il reste bien le seul maître du temps sur le calendrier électoral.
Concernant le volet sécuritaire, le discours du président Kabila inquiète également. Les massacres à répétition se poursuivent dans l’Est du pays, mais aussi dans les Kasaï, où un conflit préoccupe également la communauté internationale. Les violences entre miliciens Kamuina Nsapu et l’armée congolaise ont déjà fait plus de 3.000 morts depuis 2016 et ont jeté sur les routes 1,4 million de déplacés. Joseph Kabila a affirmé que « la lumière sera faite sur ces exactions ». Pour le président congolais, la RDC est depuis l’été 2016 « victime d’attaques terroristes menées par certains groupes armés, et dont l’objectif est d’anéantir la paix si chèrement acquise ». Seulement voilà, de manière assez contradictoire, le chef de l’Etat exige dans le même temps le « redimensionnement de la force de la Monusco », très présente au Congo, avec plus de 18.000 casques bleus. En clair, il souhaite voir partir rapidement la mission onusienne, jugée encombrante et inefficace par le pouvoir.
Droit dans ses bottes
Une posture bien connue du président congolais, qui se veut toujours en lutte contre les « ingérences étrangères ». « Il est clair qu’après vingt ans de déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées ». Un discours bien rôdé sur « la souveraineté de la République démocratique du Congo » qui permet au président congolais de réaffirmer son autorité en interne face à une communauté internationale très critique sur sa gouvernance autoritaire. Plusieurs caciques congolais, dont des ministres, sont en effet frappés par des sanctions ciblées des Etats-unis et de l’Europe pour la répression politique musclée menée par les forces de sécurité congolaises et pour les « multiples entraves à la démocratie » du pouvoir.
Joseph Kabila n’a donc rien dit de nouveau à New-York qui soit en mesure de décrisper la situation politique, toujours dans l’impasse à Kinshasa. Le président est resté droit dans ses bottes. Et comme après chacun de ses discours, la crise politique reste entière. Mais une chose est sûre, le chef de l’Etat ne paraît toujours pas disposé à rendre son tablier, annonçant une fin d’année 2017 des plus tendues et des plus dangereuses au Congo.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Mobutu avait promis des élections et il est resté 7 ans au pouvoir avant d’en être chassé par une coalition d’envahisseurs amenés par LD Kabila.
Joseph Kabila, conseillé et piégé par les mobutistes veut refaire le même scénario. Est-il suffisamment intelligent pour comprendre les conséquences de son entêtement ? Le Kim Yung Un congolais le regrettera un jour.
Hummmmm Les mêmes causes produisent les mêmes effets, L’histoire se répète toujours et La CPI est déjà instruite pour les Graves crimes commis en RDC. Kabila et certains de ces Acolytes finirons a la CPI c’est une question des Mois… Qui vivra verra
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