L’un des assassins présumés de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a été arrêté au milieu de miliciens Bakata Katanga mardi 16 février à Lubumbashi. Transféré à Kinshasa, il est passé aux aveux devant l’auditorat militaire et se dit près à identifier le lieu où Fidèle Bazana a été enterré, selon les avocats des familles des victimes.
Nouveau rebondissement dans l’affaire Chebeya-Bazana. Après 10 ans de cavale, Jacques Mugabo, un des policiers qui a participé à l’assassinat des deux militants des droits de l’homme en juin 2010, a été arrêté à Lubumbashi mardi 16 février et conduit par avion à Kinshasa. On en sait maintenant un peu plus sur les conditions de son interpellation. Contacté par Afrikarabia, Me Peter Ngombo, un des avocats des familles de victimes, raconte que Jacques Mugabo a été arrêté parmi les assaillants Bakata Katanga à l’origine de l’attaque des dépôts d’armes de Lubumbashi, dimanche 14 février. « Il a ensuite été identifié comme tel et on l’a immédiatement envoyé à l’auditorat militaire de Kinshasa dans la nuit » explique Peter Ngombo. Toujours selon l’avocat, « Jacques Mugabo est passé aux aveux. Il a tout raconté. Il a même affirmé qu’il pouvait retrouver le lieu où Fidèle Bazana a été enterré, même si il y a 10 ans c’était la brousse à cet endroit ». La prochaine étape pour les conseils des familles Chebeya et Bazana pourrait être d’organiser une confrontation entre Jacques Mugabo et son chef, Christian Ngoy et Daniel Mukalay, tous les deux en prison.
« Quelqu’un de bien formé à l’assassinat »
Pour Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa, les deux policiers en exil qui ont participé au double meurtre, cette arrestation est « une bonne nouvelle ». Dans leur témoignage, ils racontent que « c’est Jacques Mugabo qui menait les opérations. C’était l’enfant chéri de Christian Ngoy. C’est un grand meneur. C’est lui qui s’est occupé des sacs sur les têtes de Chebeya et Bazana et de mettre les prudences (préservatifs) près du corps de Chebeya. C’est quelqu’un qui était bien formé à l’assassinat». Un récit qui rejoint celui de Paul Mwilambwe, le témoin oculaire du double assassinat. « Jacques Mugabo était très actif, plus que les autres. Que ce soit pour les sachets en plastiques ou les étouffements, c’est lui qui était actif dans toutes les opérations ».
Mugabo, l’homme qui voulait intimider Paul Mwilambwe
Après le double assassinat, il faut attendre 2014 pour entendre une nouvelle fois parler de Jacques Mugabo, qui officie toujours en tant que garde du corps de Christian Ngoy. Le 5 juillet, à Lubumbashi, c’est la femme de Paul Mwilambwe, Dadi Bumba Mayalale, qui échappe à une tentative d’enlèvement. En plein marché, un homme la renverse « d’un coup de pied », la menace d’une arme et lui dérobe son sac avant de s’enfuir sous les cris des passants. Dadi Bumba Mayalale le reconnaîtra formellement plus tard : c’est Jacques Mugabo. Il montera ensuite dans une voiture qui l’attendait à proximité du marché. Selon Paul Nsapu, vice-résident de la FIDH, la femme de Paul Mwilambwe identifiera le chauffeur. Il s’agit de Thierry Mande, le secrétaire particulier de John Numbi. Pour la FIDH, il n’y a donc plus de doute : « ce sont bien des proches de Numbi qui ont cherché à enlever et peut-être à éliminer la femme de Mwilambwe ». Depuis cette date, Dadi Bumba Mayalale est suivi pour dépression à Dakar où elle s’était réfugiée. Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa affirment également que Christian Ngoy, Jacques Mugabo et Thierry Mande ont menacé leurs proches par téléphone après leur fuite.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
On en saura plus sur le milliers de congolais portés disparus sous le régime de Joseph Kabila.