L’Abbé Apollinaire Malu-Malu revient aux affaires. Après avoir présidé l’ancienne CEI entre 2003 et 2011, l’ecclésiaste prend la tête de la nouvelle Commission électorale nationale et indépendante (CENI). En ligne de mire, la réforme d’une institution controversée, l’organisation des élections locales et la présidentielle de 2016 où l’on prête au président Joseph Kabila le souhait de se représenter.
Contre la volonté de l’église congolaise (CENCO)… et du Vatican, l’Abbé Malu-Malu rempile à la présidence de la Commission électorale (CENI). Une fonction qu’il connaît bien pour avoir organisé les premières élections « démocratiques » de 2006 à la tête de la défunte CEI. Qualifié « d’expert » par le clan gouvernemental pour avoir réussi la transition du « 1+4 » ainsi que le processus électoral de 2006, Apollinaire Malu-Malu revient avec plusieurs missions aux commandes d’une institution clé de la République démocratique du Congo. Fin 2007, il a également été chargé des travaux préparatoires de la Conférence de Goma en vue d’une issue à la guerre du Kivu. Une expérience intéressante pour Joseph Kabila, alors que la guerre a repris à l’Est entre les rebelles du M23 et le gouvernement.
Depuis le départ d’Apollinaire Malu-Malu de la CEI, en 2011, et la nomination du sulfureux Daniel Ngoy Mulunda, la Commission électorale n’a cessé d’être sous le feu des critiques. Du fichier électoral douteux, en passant par l’enrôlement chaotique des électeurs jusqu’au scrutin calamiteux de novembre 2011, la CENI a été tenue pour responsable des nombreux dysfonctionnements, irrégularités et soupçons de fraudes qui ont pesé sur la dernière présidentielle et législative de 2011. La Commission électorale a surtout souffert d’un manque cruel d’indépendance. L’opposition a accusé l’institution d’être au ordre du président Joseph Kabila et surtout de ne pas être en mesure d’organiser un scrutin impartial correspondant aux normes internationales. Au centre de la polémique : Daniel Ngoy Mulunda réputé très proche du chef de l’Etat. Il fallait donc changer la tête.
Les chantiers de la nouvelle CENI sont colossaux. Le fichier électoral est à revoir et les élections locales, sans cesse reportées, devront bien avoir lieu… un jour. Mais l’opposition prête au nouveau président une autre mission plus officieuse : préparer la prochaine présidentielle de 2016. Normalement le président Joseph Kabila ne devrait pas se représenter après 2 mandats, comme l’exige la Constitution. Mais à Kinshasa, de mauvaises langues affirment que le chef de l’Etat pourrait être tenté par un troisième mandat, après un « toilettage » constitutionnel comme ce fut déjà le cas début 2011 pour faire passer l’élection présidentielle de 2 tours à 1 seul tour… à quelques mois seulement du scrutin. L’ouverture prochaine d’un possible « dialogue national inter-congolais » pourrait d’ailleurs préparer le terrain au clan présidentiel pour trouver de nouveaux alliés pour 2016. La désignation de l’Abbé Malu-Malu à la présidence de la CENI constitue donc une nomination hautement stratégique… une question de survie politique pour le président Kabila.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Composition de la nouvelle CENI : Président: Abbé Apollinaire Malumalu, V/Prés.: André Mpungwe, Rapp.: Jean-Pierre Kalamba, Rapp/adjt.: Onésime Kukatula, Questeur: Chantal Ngoyi Quest/adjt.: Micheline Bie Bongenge, Membres: Keta Lokondjo, Bangala basila, Elodie Tamuzinda, Gustave Omba, Jean Baptiste Ndundu, ;aputu Ngombo, Augustin Ngangwele.