Les « concertations nationales » voulues par Joseph Kabila doivent s’ouvrir la semaine prochaine à Kinshasa. Objectifs du président congolais : apaiser le climat politique après les élections contestées de 2011 et mettre un terme au conflit à l’Est du pays. Un nouveau gouvernement devrait voir le jour à l’issu des concertations… ce qui pourrait séduire certains membres de l’opposition.
Le mouvement s’accélère à Kinshasa. Annoncées début 2013 par Joseph Kabila, les concertations nationales débuteront la semaine prochaine en République démocratique du Congo, selon le président du Sénat, Léon Kengo sur Radio Okapi. Ces concertations doivent réunir l’ensemble des institutions publiques, des partis politiques, des autorités coutumières et de la société civile… pour « dialoguer« , « débattre » afin « de consolider la cohésion nationale et renforcer l’autorité de l’Etat« . Il faut dire que depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en novembre 2011, le retour de la guerre à l’Est de la RDC et les multiples pressions internationales, le climat politique devenait difficilement tenable pour le fragile régime de Joseph Kabila.
Ouverture politique
L’ouverture des concertations donne le coup d’envoi à une opération de séduction et de reconquête de Joseph Kabila. Objectif affiché : ouvrir sa majorité à de nouveaux « partenaires » politiques en vue de consolider sa présidence et pourquoi pas… de se représenter aux élections de 2016. L’opposition congolaise a bien flairé la manoeuvre politique et a refusé en bloc toute participation aux concertations. MLC, UDPS et UNC ont tous décliné l’offre de Joseph Kabila. Certains de ces partis, comme l’UNC, ont tout de même conditionné leur présence. Vital Kamerhe souhaite que la majorité s’engage à ne pas modifier la constitution qui limite le nombre des mandats du président de la République. Un sujet hautement sensible lorsque l’on sait que les rumeurs vont bon train sur la volonté de Joseph Kabila de se représenter pour un troisième mandat. Certains partis veulent également revenir sur la « légitimité » de Joseph Kabila et sa réélection « douteuse », alors que d’autres exigent une médiation africaine ou onusienne.
Un pas vers l’opposition
Sur tous ces différents entre majorité et opposition, un certain flou règne encore. Léon Kengo affirme sur Radio Okapi que « toutes les conditions soulevées, nous les avons rencontrées pour que ces concertations se déroulent dans un climat apaisé« . En clair : des efforts ont été faits côté gouvernemental. Le président du Sénat s’est également rendu à Brazzaville pour s’assurer de la coopération de Denis Sassou Nguesso pour « accompagner » le processus. Un bon point pour les organisateurs des concertations puisque le président du Congo-Brazzaville semble faire l’unanimité dans l’opposition pour jouer les bons offices. Quant aux autres points de friction, ils sont toujours en discussion entre le présidium des concertations et l’opposition politique. La plus ou moins grande participation de l’opposition constitue bien entendu la condition sine qua non à la réussite des concertations nationales. Une absence des principaux opposants serait un échec pour Joseph Kabila et transformerait son « dialogue national » en congrès de la majorité présidentielle… du plus mauvais effet aux yeux de la communauté internationale.
Un nouveau gouvernement pour une « nouvelle majorité«
Signe des difficultés pour réunir l’opposition autour de la table, Léon Kengo a dû sortir prématurément un des atouts phares de Joseph Kabila : le remaniement gouvernemental. Un nouveau gouvernement sera donc issu des concertations, avec une équipe « représentative » composée de la « nouvelle majorité » avec « l’actuelle majorité, l’opposition et la société civile« . A bon entendeur… la course est donc ouverte pour le poste de Premier ministre et des portefeuilles toujours très convoités. Ce remaniement constitue clairement un appel du pied à tous les leaders de l’opposition qui serait intéressés par la fonction… et on peut supposer qu’ils seront très nombreux.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Photo : Palais du peuple Kinshasa © www.afrikarabia.com