Guerre à l’Est, sanctions contre sur le Rwanda, Francophonie, grands projets économiques, investissements français au Congo… Le programme de la visite officielle du président congolais en France, les 29 et 30 avril, sera chargé.
Sur le haut de la pile, le dossier sécuritaire sera, sans aucun doute, le principal sujet de discussion entre Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron durant leur entretien prévu le 30 avril, à l’Elysée. Lors de son déplacement en République démocratique du Congo (RDC) il y a un an, Emmanuel Macron avait joué les équilibristes entre Kinshasa et Kigali, accusé de soutenir la rébellion du M23 à l’Est du pays. Le président français avait condamné les soutiens aux groupes armés quels qu’ils soient, et affirmé que le Congo ne devait pas être « un butin de guerre ». Une position jugée trop timorée par Kinshasa, qui réclamait des sanctions contre le Rwanda. Depuis, le discours de la France s’est durci. En février, Paris condamnait dans un communiqué la violation de l’intégrité territoriale de la RDC par le Rwanda, et appelait Kigali à retirer ses troupes du Congo. Mais toujours pas de sanctions en vue pour Kigali. Car dans le conflit à l’Est, dans l’impasse, et dont personne ne voit une issue militaire, la France plaide pour un dialogue entre les deux pays et une solution politique. Le 23 avril, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le président rwandais Paul Kagame pour appelé à la reprise des discussions entre les deux présidents.
Des sanctions contre Kigali ?
A Paris, Félix Tshisekedi aura donc à coeur de pousser la France à sanctionner le Rwanda à l’ONU. A Kinshasa, personne ne comprend le « deux poids deux mesures » des occidentaux, si on la compare à la situation de la Russie avec l’Ukraine. Le président congolais expliquera à Emmanuel Macron que Kinshasa ne pourra aller au dialogue avec Kigali qu’en position de force. Pour cela, il faut que les troupes rwandaises quittent le sol congolais et cessent leur soutien aux rebelles du M23. Il s’agit de la seule condition pour l’armée congolaise, trop faible et mal organisée, puisse reprendre un peu de terrain sur la rébellion. La France ayant une voix prépondérante au Conseil de sécurité, Félix Tshisekedi espère être entendu par le président Macron. Le hic, c’est que Paris se trouve dans une situation délicate avec Kigali, et cherche à normaliser ses relations entachées par la lourde responsabilité de la France dans le génocide de 1994. La question est donc de savoir si Emmanuel Macron sortira ou non de son rôle d’équilibriste. Une clarification sur le sujet est nécessaire.
Union européenne et Francophonie
Sur la table également, Félix Tshisekedi pourrait évoquer le protocole d’accord signé entre l’Union européenne et le Rwanda sur l’exportation de minerais. Cet accord est fortement critiqué par Kinshasa qui signale le détournement des minerais congolais depuis plus de 20 ans par certains pays étrangers, dont le Rwanda. Là encore, le Congo dénonce les ambiguïtés de l’Union européenne, et des occidentaux, par rapport à Kigali. Enfin, l’absence de prises de positions tranchées de l’Organisation internationale de la Francophone (OIF) sur le conflit à l’Est de la RDC constitue également un point d’achoppement entre Paris et Kinshasa. D’autant que l’OIF est présidée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo, ancienne ministre des Affaires étrangères. La RDC a même boudé la célébration de la Journée internationale de la Francophonie du 20 mars dernier. Le Congo étant le plus grand pays francophone après Paris, certaines voix se demandent si la RDC ne devrait pas quitter l’organisation. Une position jamais évoquée officiellement, mais le Congo compte bien faire sa voix lors du prochain sommet de la Francophonie.
Séduire les investisseurs
Le second volet de la visite de Félix Tshisekedi en France sera économique. Objectif affiché : faire venir les investisseurs au Congo pour booster le développement du pays. Le 29 avril, un Forum business France-RDC sera organisé avec le Medef et la Fec au Ministère de l’Economie et des Finances à Bercy. Le secteur des mines sera bien entendu présent, à l’heure où la transition énergétique est de plus en plus gourmande en minerais, notamment pour les batteries de véhicules électriques. Le méga-projet de barrage hydroélectrique d’Inga sera également présenté, ou la construction de lignes ferroviaires pour désenclaver les provinces et acheminer les matières premières. Le développement de l’agriculture constitue enfin un secteur prioritaire pour l’Etat congolais qui importe encore la majorité de ses denrées. Infrastructures, mines, énergie… les secteurs d’investissement ne manquent pas en RDC, dont le potentiel naturel est vanté depuis des décennies. Mais si les investisseurs ne se bousculent pas encore au Congo, c’est essentiellement à cause d’un environnement des affaires largement gangrené par la corruption, les groupes armés, et l’insécurité judiciaire. Sur ce constat, la balle est dans le camp des autorités congolaises pour assainir le climat des affaires et mettre en place la bonne gouvernance.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Personne ne pense qu’une strategie de chantage ou designant le Rwanda comme bouc emissaire de tout ce qui ne va pas en RDC changera grand chose.
Aide toi le ciel t’aidera. Malheur a ceux pensent que le salut viendra d’occident.
Note: Mille excuses, les accents manquent sur ma laptop.
Quand Mr Kay parle de chantage, il ne faut pas être myope pour ne pas voir comment le Rwanda s’accroche a la RDC pour exister, tant économiquement que politiquement. La RDC n’a pas besoin du Rwanda pour exister, mais l’inverse saute aux yeux. J’ai été étudiant au Zaïre et je sais combien il y avait des étudiants réfugiés tutsis au Zaïre. Quand le Rwanda pille mm les gorilles de montagne au parc Virunga, c’est aussi du chantage ?
Un article très politisé et qui relate un projet politique de la Rdc. Mais, jamais possible.
Étonnante la réaction de Mr. Diabuana Ndabu à mon commentaire.
Qui a dit que la RDC ne peut pas vivre sans le Rwanda. Le problème est que, malgré ses atouts, le monde voit la misère de sa population que ses dirigeants ne peuvent pas cacher.
Quand au Rwanda, c’est un pays Nation millénaire, il n’a pas attendu la création du Congo par les Belges pour vivre. En passant, en lui volant Masisi, Rutshuro, kalehe et autres régions. Regardez les noms des lieux, vous verrez qu’ils sont en langue du Rwanda