Nommé il y a maintenant une semaine, le Premier ministre Samy Badibanga n’a toujours pas composé son gouvernement. Pour cela il doit respecter un complexe équilibre entre majorité et opposition.
Le nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, consulte, écoute… et cherche toujours à composer son gouvernement. Non pas que les postes soient difficiles à pourvoir (les CV s’entassent sur son bureau), mais l’équation paraît bien délicate à résoudre entre majorité et opposition, poids lourds et poids plumes de la politique congolaise. Le nouveau Premier ministre doit respecter plusieurs contraintes imposées par le chef de l’Etat. Et tout d’abord recruter des membres influents du Rassemblement de l’opposition au sein du nouveau gouvernement d’union nationale.
Des ministres du Rassemblement ?
Joseph Kabila est sous pression internationale et souhaite donner des gages d’ouverture aux Etats-unis et à l’Union européenne qui insistent pour que l’accord politique soit le plus inclusif possible. Entendez : faire entrer dans le processus le Rassemblement de Tshisekedi et Katumbi, qui ont boycotté le dialogue national et rejeté l’accord politique d’octobre. Une manière de faire passer la pilule pour Joseph Kabila serait donc de faire entrer dans le nouvel exécutif des membres imminents de l’opposition.
… après le 19 décembre
Plusieurs sources nous indiquent qu’à peine nommé, le Premier ministre Samy Badibanga a aussitôt décroché son téléphone pour essayer de convaincre des membres du Rassemblement d’intégrer le nouveau gouvernement. Autant dire que les réponses ont été plutôt fraîches. Pour l’instant, l’opposition radicale, qui ne reconnait pas l’accord politique, n’a pas vraiment intérêt à se ruer vers les postes ministériels avant le 19 décembre, date de la fin du mandat de Joseph Kabila. Le Rassemblement exige en effet que le chef de l’Etat quitte le pouvoir au soir du 19 décembre, comme l’exige la Constitution. Seulement voilà, le Premier ministre a eu pour consigne de composer au plus vite son équipe. Mais il n’est pas dit qu’après le 19 décembre, si Joseph Kabila continue de se maintenir au pouvoir, des caciques de l’opposition ne soient pas tenté de rejoindre le gouvernement pour piloter la transition.
L’UNC pose des conditions
Pour l’UNC de Vital Kamerhe, qui a participé au dialogue et signé l’accord politique, son entrée au gouvernement ne devait pas poser de problème. Sauf que Vital Kamerhe se serait bien vu à place de Samy Badibanga et composer son équipe à sa guise. Déçu d’avoir raté la Primature, Vital Kamerhe ne souhaite donc pas occuper de poste exposé au sein du gouvernement, mais pose désormais ses conditions à la participation de l’UNC et notamment sur la répartition des postes. Mais au final, l’UNC serait bien présente dans le nouvel exécutif congolais.
Ministères clés pour la MP
Samy Badibanga devra également composer avec les desideratas de la Majorité présidentielle (MP), partie prenante de l’accord politique d’octobre. Si Joseph Kabila veut en profiter pour faire le ménages dans ses rangs, notamment en écartant du nouvel exécutif les gros poissons de la majorité, les ministères clés devraient tout de même rester aux mains du camp présidentiel : l’Intérieur, les Finances, les Affaires étrangères et la Justice. L’opposition pourrait donc se voir attribuer, la Défense, le Budget, le Travail et le Social. Une indication intéressante est à noter : le ministère régalien de la Défense ne semble pas vraiment être une priorité pour la majorité, par contre l’Intérieur et sa police (très « efficace » lors des dernières manifestations) paraît avoir les faveurs et la confiance des soutiens au président Kabila pour tenir les rênes du régime.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia