Condamnés pour « tentative d’incitation à la révolte » lors d’une journée ville morte en février 2016, les 6 militants du mouvement citoyen ont été graciés ce vendredi, écourtant leur peine de quelques semaines.
Dans une ordonnance lue à la télévision nationale (RTNC), le président congolais Joseph Kabila a décidé d’accorder une remise de peine à 6 militants du mouvement la Lucha de Goma. Condamnés à 6 mois de prison pour avoir organisé une journée morte afin d’exiger la tenue de l’élection présidentielle dans les délais, les 6 militants graciés de la Lucha devraient sortir de prison avant le 15 août. Parmi eux, Rebecca Kavugho, dont la photo derrière les barreaux de la prison de Goma avait fait le tour des réseaux sociaux. Melka Kamundu, John Anipenda, Justin Kambale, Ghislain Muhiwa, Serge Sivya et Rebecca Kavugho avaient été arrêtés le 16 février 2016 à 4h du matin par la police, alors qu’ils préparaient l’organisation d’une journée de mobilisation contre un troisième mandat du président Joseph Kabila. Après « une parodie de procès », dénoncée par Amnesty International, les 6 membres de la Lucha ont dans un premier temps été condamnés à deux ans de prison, peine ramenée en appel à 6 mois de prison ferme pour « tentative d’incitation à la révolte ».
Signe d’apaisement
Cette libération surprise intervient dans un contexte de tension politique extrême en République démocratique du Congo (RDC), où le président Kabila est accusé par l’opposition de retarder le processus électoral pour s’accrocher au pouvoir au-delà des limites de son mandat. Cette grâce se veut tout de même un signe d’apaisement vis à vis des opposants au chef de l’Etat alors qu’un dialogue politique est en préparation. Pour autant, ces libérations n’écourtent que d’un tout petit la peine des 6 militants de Goma, qui devaient être libérés en septembre 2016. De plus, plusieurs autres militants pro-démocratie sont encore derrière les barreaux, comme Fred Bauma et Yves Makwambala, depuis mars 2015. Bienvenue Matumo et Marcel Héritier Kambale Kapitene, deux autres activistes arrêtés pendant les opérations ville morte, sont encore détenus à Kinshasa. Et des dirigeants politiques comme Eugène Diomi Ndongala, Christopher Ngoyi ou Jean-Claude Muyambo, dont la santé se dégrade, sont incarcérés depuis de longs mois, voire de longues années pour Diomi Ndongala.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia