Félix Tshisekedi voit dans son voisin rwandais un soutien inévitable pour aider à ramener la paix à l’Est et booster l’économie congolaise.
Deux rencontres en moins de 24 heures et une visite (rare) du président rwandais en territoire congolais… Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame n’ont pas lésiné sur la symbolique pour afficher les nouvelles relations rwando-congolaises. C’est d’abord à Gisenyi, au Rwanda, que les deux chefs d’Etats ont entamé leur lune de miel. Au menu de la rencontre : l’évolution des dégâts de l’éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai dernier. Les deux pays ont annoncé vouloir davantage collaborer dans la prévention des catastrophes naturelles. Le lendemain, c’est Paul Kagame qui a franchi la frontière pour se rendre à Goma et sur le site de Kibati, fortement touché par l’éruption.
La carte rwandaise
Mais au-delà de la catastrophe qui a frappé la région, les discussions entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont porté sur deux sujets sensibles au Congo : l’insécurité à l’Est et les relations économiques avec son voisin. Dans ces deux domaines, le président congolais, acculé par la hausse de la violence dans les Kivu et en Ituri et par la crise économique, n’a d’autres choix que de jouer la carte rwandaise. Une partie de la forte insécurité à l’Est trouve ses racines dans les pays voisins de la RDC : Ouganda, Rwanda, Burundi. Et depuis plus de 20 ans, l’armée congolaise n’a jamais réussi à endiguer le cycle de la violence. Le président Tshisekedi cherche donc un allié militaire de poids dans la zone pour trouver une solution. Mais aussi un allié politique.
Soutien militaire
Depuis bientôt deux mois, le Nord-Kivu et l’Ituri se trouvent en état de siège. Les militaires ont pris le relai sur les institutions politiques pour « optimiser » (selon la présidence) la lutte contre la centaine de groupes armés qui pullulent dans la région. Pour l’instant, le bilan est bien maigre. La violence n’a pas diminué, et ce dimanche matin, une bombe artisanale a même explosé dans une église de Beni. Une première au Congo, qui n’augure rien de bon sur la nouvelle tournure que semble prendre l’affrontement entre les rébellions et l’armée régulière. Pour « booster » les offensives des FARDC contre les groupes armés, Félix Tshisekedi espère bien trouver un soutien chez son voisin rwandais.
Profiter du dynamisme de l’Est
Sur le front économique, le chef de l’Etat congolais compte également réactiver les partenariats avec le Rwanda. Pour des relations commerciales plus « fluides », Tshisekedi et Kagame ont signé trois accords sur la promotion des investissements, la lutte contre l’évasion fiscale et la coopération aurifère. Là encore, Félix Tshisekedi espère bien surfer sur le dynamisme de l’Est du continent pour en faire profiter l’économie congolaise qui tourne au ralenti depuis la crise du Covid. C’est pour cette raison que le président congolais a continué d’avancer ses pions pour intégrer la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC).
Un passé qui ne passe pas
Mais ces rapprochements successifs avec le turbulent voisin rwandais ne sont pas du goût de tous les Congolais. Les tensions sont toujours grandes entre la RDC et le Rwanda. Le Congo a connu deux guerres entre 1996-1997 et 1998-2003, qui ont déstabilisé en profondeur les Kivu, à la frontalière du Rwanda. Un conflit qui a impliqué les armées de plusieurs pays voisins, en particulier le Rwanda et l’Ouganda. Et puis, il y a le fameux rapport Mapping, qui accuse des acteurs congolais, rwandais et ougandais d’être responsables de crimes graves en RDC entre 1993 et 2003. La méfiance est donc toujours grande envers Kigali, qui est toujours accusée de vouloir déstabiliser l’Est du Congo afin de profiter des ressources naturelles de la région.
Guerre sans fin
Récemment, l’armée rwandaise était accusée par de nombreux hommes politiques congolais d’opérer secrètement dans les Kivu. Une allégation démentie par Kigali et Kinshasa, mais que des rapports de l’ONU tendent à confirmer. La collusion entre l’armée congolaise, l’armée rwandaise et certains groupes rebelles, ont fait de l’Est du pays une zone de conflit dont les populations ne voient pas la fin.
Un bilan à défendre en 2023
Pourtant, il semble bien que la solution pour retrouver les chemins de la paix au Congo passe bien par Kigali, Kampala et Bujumbura. Une solution qui doit certes être militaire, mais surtout politique, afin d’éviter le cycle sans fin des accords de paix non respectés et des démobilisations ratées. Félix Tshisekedi l’a bien compris. Pour afficher un bilan présentable à la présidentielle de 2023, où il devrait briguer un second mandat, le chef de l’Etat doit faire infléchir le cycle de la violence à l’Est et redonner un d’air à l’économie congolaise. Si tout ne viendra pas du Rwanda voisin, l’amorce de la solution s’y trouve sans doute.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Tshisekedi a certes de bonnes raisons de jouer aujourd’hui son va tout : l’insécurité s’est aggravée à l’Est et reste de cours malgré l’état de siège et sur le plan socio-économique et même politique le pays n’est pas au mieux, il a besoin d’un bilan pour tout de suite et surtout pour 2023 mais faut-il pour autant approuver tout ce qu’il vient de faire avec Kagame à Goma et à Gisenyi ? L’embellie des relations sans scrupules avec le Rwanda, la signature de nouveaux contrats commerciaux avec lui … ; si l’on pose la question aux Congolais sur l’opportunité et la validité de ces initiatives, une bonne majorité répondra par la négative sinon par le doute. Simplement d’abord parce qu’ils voient un passé commun longtemps malmené par des violences et pillages venus du Rwanda et doutent ainsi que tout aille brusquement bien par la simple magie d’un Tshisekedi qui rêve d’un excellent voisinage.
On peut dire tout le bien que l’on veut du Rwanda de Kagame il restera que ce dernier tout rigoureux qu’il soit dans la gestion de son pays, il fonctionne depuis le génocide en en faisant son fonds de commerce avec l’indulgence de la CI et surtout à l’international il a toujours usé de manipulation pour par exemple piller les richesses du Congo sans en donner l’air jusqu’à nier il y’a deux mois les massacres frisant le génocide que ses armées ont commis au Congo et continuent de commettre via des rebelles commandités et autres complices, alors que des Congolais qui les ont vécus sont là et que des rapports notamment ceux des experts de l’ONU les ont documentés. Peut-on alors tout d’un coup faire confiance à sa sincérité parce que simplement en face de lui Tshisekedii lui fait une offre de collaboration sincère ?
Les Congolais ne peuvent se libérer de ce voisinage mais alors bénéfique pourquoi pas avec ces derniers accords mais restent pessimistes sur son destin. Tenez, le Rwanda pille allégrement l’or du Congo mais impose qu’il soit raffiné chez lui sous prétexte d’en priver les bandes rebelles qui l’écument frauduleusement et Tshisekedi n’y voit que merveille. On nous promet une paix mais personne ne fait cas de toutes les milices que le Rwanda (et l’Ouganda) ont déversé et continuent de déverser chez nous.
Oui la paix est possible et même souhaitable avec nos voisins rwandais mais pas sur l’oubli de nos victimes laissées alors sans justice, sans réparation et surtout sans repentir de leurs bourreaux ! Notre PR serait mieux avisé de ne pas imposer une stabilité à risque d’être bousculée par les non-dits et non-lieux encore actifs. Comment ? A lui de faire d’abord montre de moins de naïveté qui frise l’indigence intellectuelle à ne pas percer la profondeur de l’histoire. Aujourd’hui sans vérités là où il faut, en interner comme avec les voisins, nous risquons de continuer à vivre dans la méfiance habituelle et à subir encore des attaques intempestives des rebelles venus des voisins (c’est quoi par exemple les ADF). Dans le logiciel de nos voisins l’appétit, la convoitise et la course vers nos richesses sont vitaux, ils ne peuvent en sortir sans être confrontés à un Congo souverain fort qui a le courage de leur parler un langage de vérité ; est-ce le cas aujourd’hui avec Tshisekedi ? Le Rwanda indispensable partenaire, politique, économique, sécuritaire mais le Congo a-t-il fait tout ce qu’il peut pour se donner les moyens d’une souveraineté politique, économique et sécuritaire, n’est-ce pas là le devoir de tout Etat ? Dans tous les cas c »est la mission que les Congolais ont donnée à Tshisekedi !
PS
Ne sommes-nous pas au Congo à subir plutôt qu’à l’organiser une géopolitique certes logique qui veut prendre Kigali, Kampala et Bujumbura pour alliés politiques, économiques et militaires naturels et indispensables en vue de l’instauration de la paix au Congo mais en y récompensant expéditivement ceux-ci d’avoir joué un rôle actif dans l’insécurité de l’Est et de vouloir y maintenir leurs intérêts avec des contrats qui les privilégient leurs tout en recherchant longtemps les nôtres sans les retrouver ? Il y’a là comme quelque naïveté à croire que ces voisins sont devenus tout d’un coup de bonne volonté alors que l’histoire récente nous a prouvé le contraire. Les solutions efficaces contre l’insécurité sont certes diplomatiques, militaires et socio-politique mais elles doivent commencer par un Congo qui s’organise à tous les niveaux et ne passe pas expéditivement par pertes et profits un quart de siècle des guerres larvées et ouvertes entre nous comme pour nous créer une paix automatique et une coopération censée durable sorties de nulle part. Comment par exemple ne pas nous mettre autour d’une table avec le Rwanda pour discuter et solder notre passé au risque d’être vite désillusionnés par notre enthousiasme actuel des retrouvailles unilatérales ?
C’est dire que pour être vraiment utile au Congo le partenaire rwandais (ougandais et burundais) doit apprendre que l’appétit, la convoitise et la course à nos espaces et à nos richesses qui lui sont devenues vitaux doivent respecter notre souveraineté s’ils aspirent réellement à un bon voisinage durable sinon toutes les bonne volontés du monde n’empêcheront pas que reviennent cette méfiance structurelle et des violences inévitables comme par le passé. Voilà où je n’épouse pas toute l’initiative en cours de notre PR quelle que soit l’épaisseur des alliés qu’il se sera donnés. Vu du passé, sans la vérité entre nous à coté de l’Etat qui peut s’en satisfaire aujourd’hui, non seulement les accords ne seront pas respectés mais aussi il y’a et il y’aura un peuple frustré qui continuera à donner de la voix car une bonne partie des racines de l’insécurité à l’Est vient et continuera de venir de chez nos voisins, les ADF et autres en témoignent.
Linternationalisation des accords signés par les deux Présidents Tshisekedi et Kagame devrait rassurer tous leurs observateurs .
Ce sera le premier pas de la naissance de l’EURAFRIQUE EN PAIX où les intérêts des uns et des autres seront respectés .
L’Europe a un grand rôle à jouer dans ce processus qui reliera pacifiquement nos deux
1/2 continents .
Contrairement à ce qui est dit dessus, personnellement je me garde bien de quelque angélisme d’une Eurafrique béatement heureuse pour tous, les intérêts continueront à présider la coopération entre Etats et seront encore moins une prétendue garantie pour les parts du Congo avec une internationalisation de ses accords. En effet la CI dominée par les puissants n’a jamais été une arbitre tout à fait loyale, si elle respecte ses lois et conventions, celles-ci répondent et agissent selon ses préférences qui sont forcément partiales et ici elles ne sont pas particulièrement favorables au Congo mais plutôt au Rwanda dont les Anglo-Saxons ont fait leur petit chouchou depuis le génocide, aussi bien pour exorciser leur mauvaise conscience de n’avoir pu l’empêcher que pour entrer plus aisément dans les richesses du Congo.
On entend des voix se lever à l’encontre de ceux qui comme moi se montrent frileux envers le rapprochement sans conditions du Congo d’avec le Rwanda. Tourner la page du passé, disent-ils, comme pour faire table rase du passé et construire une nouvelle ère de coopération mutuelle à partir de zéro ? Il ne serait pas inutile de savoir si celui qui réclame une rupture avec le passé est le même qui veut davantage la paix pour s’assurer de sa bonne foi. Ce n’est pas une petite chose que de se débarrasser des décennies d’un passé lourd : les Tutsi victimes du génocide ont-ils laissé en paix les Hutu, ont-ils laissé tranquilles les Français qu’ils accusent de participation au génocide ? Et les exemples dans l’histoire nous renseignent bien que pour repartir du bon pied, il faut du temps et surtout une reconnaissance de ses torts lorsqu’on est le coupable, les Alliés après la Seconde guerre ne se sont pas assis satisfaits sans demander des comptes à l’Allemagne hitlérienne ?
Que se passe-t-il du côté de Kagame , quand est-il réellement sincère et conséquent et quand n’est-il qu’un caméléon rusé qui a un tour dans son sac et va continuer à pirater autrement nos richesses ? La question se pose !
Et là dessus certains qui n’ont rien compris cette réalité flagrante osent très improprement et même de façon erronée comparer l’experience douloureuse commune du génocide de la France d’avec le Rwanda avec nos relations avec ce dernier. Si le Rwanda a réussi à se réconcilier avec la France qu’il prenait (à tort ou à raison) comme son ennemie dans sa participation au génocide pourquoi ne le ferait-t-l pas avec le Congo, disent-ils ? On tombe des nues : le Rwanda n’a rien à exiger du Congo qui ne lui a rien fait, c’est le Congo qui a au contraire a à lui demander des comptes pour ses crimes commis chez lui.
Les relations entre le Congo et le Rwanda ce quart de siècle passé ont été agressives toujours à la limite d’une guerre ouverte et deux longues guerres meurtrières ont tué des millions de Congolais et déstabilisé en profondeur l’Est de notre pays encore en souffrance aujourd’hui. Qui ne voudrait pas qu’on en finisse et ne souhaiterat que le climat de détente que Tshisekedi suivi de Kagame veulent installer devienne une réalité durable ? Pour autant comment y arriver plus sûrement sinon en demandant au Rwanda de répondre de ses actes et non à le caresser dans le sens du poil. C’est légitime et payant pour l’avenir , ce n’est dans tous les cas pas perdre du temps et barrer la route vers la paix comme chantent certains.
Ce qu’il s’est passé entre la France devrait au contraire nous inspirer en miroir la principale leçon que le Rwanda post-génocide soupçonne et ramène facilement ces interlocuteurs à des ennemis potentiels dans un rapport de forces guerrier jusqu’à ce que ces derniers lui concèdent la victoire, jusqu’à ce que son ennemi d’hier s’incline devant ses revendications de victime de génocide. Nous ne pouvons ramener le Rwanda sur le chemin d’une cohabitation harmonieuse en le rendant davantage plus fort – ce n’est d’ailleurs pas notre rôle – mais en lui exigeant le réciproque : qu’il reconnaisse les millions de victimes et les pillages dont il a été responsable chez nous pour que devant la vérité nue, il cesses de nous regarder de haut comme il en a pris l’habitude devant tous ses interlocuteurs depuis le génocide. Nous ne sommes pour rien dans leur génocide. Nous ne pouvons, Tshiseedi en tant que Chef d’Etat du Congo ne peut, nous abaisser à laisser faire un interlocuteur capricieux et rusé pour ce fameux bon voisinages. La détente qu’il a offerte à Kagame ne se fera durablement qu’au prix des sacrifices de ce dernier, le contraire de sa position avec la France et pour cela le Congo serait mieux avisé d’user et de maintenir une pression sur le Rwanda. . Un voisinage aux bénéfices légitimes et réellement mutuels, inscrit au registre de la sincérité des amitiés et non à celui de ses intérêts immédiats, comme il est habitué depuis qu’il a fait du génocide son fond de commerce. Voilà le sens des frustrations et des contestations des Congolais dans le respect de l’histoire qui récusent le rapprochement sans conditions et précipité d’avec le Rwanda ; attendre et réfléchir sont là pour donner le temps et l’intelligence aux Congolais de mieux organiser leur pays aujourd’hui sens dessus dessous …
Le Congo n’est pas convoité que par les Anglo Saxons .
Ses richesses plaisent au Monde entier : Asiatiques , Américains , Européens l’ « aiment » aussi !
A lui donc de partager ses faveurs à ceux qui échangent loyalement leurs valeurs avec les siennes .
Si je parle d’ EURAFRIQUE d’abord c’est parce qu’elle est la plus logique compte tenu des distances qui les séparent .
L’ EURAFRIQUE entre les EURAMERIQUES et les EURASIES peuvent se mettre à table avec le Congo Kinshasa et l’ Union Africaine qu’ il préside encore , pour définir clairement
leur monnaie commune à l’abri des fonds vautours et des spéculateurs à fonds virtuels .
4 à TABLE sans hésiter avec des partenaires convaincus des résultats à obtenir.
Finis les discours inutiles, passons à l’actio visible par tous.
Le Monde vous regarde.