Le président Joseph Kabila a nommé Samy Badibanga au poste de Premier ministre ce jeudi. Issu de l’opposition présente au dialogue national, Samy Badibanga a été préféré au favori, Vital Kamerhe. Pour quelles raisons ?

A 54 ans, Samy Badibanga est le nouveau Premier ministre congolais chargé de mener la RDC aux élections © Ch. Rigaud – Afrikarabia
C’est la surprise du chef ! Contre toute attente, Joseph Kabila a placé Samy Badibanga à la tête d’un nouveau gouvernement congolais. Une nomination qui intervient à l’issu du dialogue national censé régler la crise politique. Mi-octobre, un accord avait fini par être signé entre la majorité présidentielle et une partie de l’opposition. Un accord prévoyant le report des élections mi-2018, le maintient au pouvoir de Joseph Kabila pendant la période transitoire et la nomination d’un gouvernement dont le Premier ministre serait issu de l’opposition. C’est désormais chose faite, sauf que la nomination de Samy Badibanga constitue plutôt une surprise. Le chef de la délégation de l’opposition pendant le dialogue, Vital Kamerhe, semblait avoir toute la légitimité et le poids politique pour occuper la Primature. Seulement voilà, au Congo, les atermoiements et les revirements politiques de Joseph Kabila sont devenus une habitude, voir un mode de gouvernance.
Une personnalité de second plan
En convoquant un dialogue national pour régler la crise en République démocratique du Congo (RDC), nous étions nombreux à croire (à juste titre) que Joseph Kabila cherchait un moyen de légitimer le « glissement » du calendrier électoral et son maintien au pouvoir au-delà de la fin de son dernier mandat. Seule la présence de Vital Kamerhe au dialogue a donné un semblant de crédibilité au forum, alors que le reste de l’opposition le boycottait. Alors pourquoi ne pas lui confier la mission de piloter le nouveau gouvernement censé conduire le pays aux élections ? Joseph Kabila a préféré choisir une personnalité de second plan, moins rompu à l’exercice du pouvoir et sans doute plus malléable que son ancien allié politique Vital Kamerhe. Car il faut dire que les intentions de Joseph Kabila pendant la longue période transitoire avant les élections sont loin d’être claires. L’opposition radicale l’accuse notamment de vouloir profiter des 18 mois de rallonge de son mandat pour modifier la Constitution ou organiser un référendum afin de pouvoir briguer un nouveau mandat.
Fragiliser Tshisekedi
Vital Kamerhe faisait-il peur à Joseph Kabila ? Au président peut-être pas, mais à son entourage, sans doute. Le retour de l’ancien directeur de campagne de Joseph Kabila aux commandes passait très mal au sein de la majorité présidentielle. Les caciques du PPRD, le parti présidentiel, voyaient d’un très mauvais oeil le come back d’un concurrent potentiel dans le galaxie Kabila. La personnalité de Samy Badibanga, beaucoup moins clivante au sein de la majorité, possède d’autres atouts. A 54 ans, Samy Badibanga préside le groupe UDPS au parlement. Un groupe qui a aussitôt été exclu en 2011 par Etienne Tshisekedi, qui avait interdit à ses candidats de siéger après la réélection contestée de Joseph Kabila. Mais en nommant un ancien membre de l’UDPS à la Primature, Joseph Kabila tente de fragiliser Etienne Tshisekedi. Badibanga, originaire du Kasaï, comme Tshisekedi, est également très proche de son fils Félix. Le nouveau Premier ministre pourrait ainsi faire entrer au gouvernement des membres du Rassemblement de l’opposition de Tshisekedi. Des ministres qui constitueraient de belles prises pour Joseph Kabila qui tente de montrer aux yeux de la communauté internationale que son nouveau gouvernement est le plus ouvert possible à l’opposition. Quand à l’UNC de Kamerhe, elle réfléchit encore sur sa possible participation à l’équipe gouvernementale. Mais pour cela, il faudra encore un peu de patience avant d’avoir la composition finale du gouvernement.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Tous sont les mêmes. Ils veulent s’enrichir au nom du peuple congolais.
Mefiez-vous de ces ventriotes et politicards Congolais. La RDC souffre d’ un manquement grave d’une classe politique responsable. Personne est au service de la nation!