Christian Ngoy, un des accusés toujours en fuite du meurtre de Floribert Chebeya, a été arrêté ce jeudi à Lubumbashi. L’interpellation de ce proche du général John Numbi, dans le cadre du regain d’insécurité au Katanga, pourrait rouvrir l’épineux dossier Chebeya dont les commanditaires n’ont jamais été identifiés.
C’est la fin d’une drôle de cavale qui n’en était pas vraiment une. Christian Ngoy l’un des principaux accusés du meurtre du défenseur des droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, a été arrêté jeudi 3 septembre au restaurant Bougain Villa de Lubumbashi. Interpellé par des éléments de la 22ème région militaire, il a été rapidement conduit à l’aéroport pour être transféré à la prison de Ndolo à Kinshasa. Cité dans l’affaire Chebeya, Christian Ngoy était en fuite et censé être activement recherché par la police. En fait, le capitaine de police circulait en toute impunité au Katanga et avait même été promu colonel. Dans la province minière, il continuait de côtoyer son ancien patron, John Numbi, accusé d’être le commanditaire du double assassinat de Chebeya et Bazana. Si ce dernier a été récemment écarté de l’inspection générale de l’armée par le président Félix Tshisekedi, Numbi reste l’homme fort du Katanga, accusé notamment de manipuler les divers groupes armés de la région pour asseoir son autorité.
La mort de quatre militants UDPS
Connu pour son implication dans l’affaire Chebeya, ce n’est pas sur ce dossier que les militaires sont venus interpeller Christian Ngoy ce jeudi dans le quartier du golf de Lubumbashi. Selon nos informations, le colonel de police serait soupçonné d’être impliqué début juillet dans l’assassinat de quatre militants de l’UDPS, le parti du président Tshisekedi, en marge des manifestations de protestation contre la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la Commission électorale (CENI) – voir notre article. D’après une source militaire, Christian Ngoy serait également derrière la poussée de violence de ces derniers mois dans l’ex-Katanga, où des gangs sèment régulièrement la terreur. Son nom serait cité dans plusieurs rapports des services de sécurité congolais. D’après nos informations, cinq AK47 et quatre pistolets auraient été retrouvés à son domicile.
Numbi dans le viseur
L’arrestation de Christian Ngoy fragilise un peu plus l’homme fort du Katanga, John Numbi, déjà sous pression après avoir été écarté de l’inspection générale des armées. Christian Ngoy est toujours resté un de ses fidèles lieutenants, notamment pour servir de go-between entre le général et les groupes armés peu fréquentables de la région. Après sa mise à l’écart, John Numbi avait plaider sa cause devant les caméras, affirmant avoir au contraire contenu les milices et éviter le pire dans la région. Un double jeu qui ne laisse personne dupe et qui pourrait éclater au grand jour avec l’arrestation de Christian Ngoy.
Réouverture du dossier Chebeya
L’autre lien qui unit Ngoy et Numbi reste bien sûr le double assassinat en 2010 du célèbre militant des droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur. Pour Paul Mwilambwe, seul témoin oculaire de l’assassinat, John Numbi serait le commanditaire du meurtre et Christian Ngoy l’un des principaux exécutants. Fin août, la Fondation Bill Clinton pour la paix avait mené une enquête au Katanga sur la piste de Christian Ngoy et de certains des policiers soupçonnés d’avoir participé au double meurtre. L’ONG découvre alors que Christian Ngoy avait été promu colonel de police à Lubumbashi et que huit autres policiers étaient toujours en poste au Katanga – voir notre article. Pour Paul Nsapu vice-président de la Fédération des droits humains (FIDH), « il faut maintenant que justice soit faite, dans le dossier sur l’insécurité au Katanga, mais aussi bien entendu dans l’affaire Chebeya ». Après l’arrestation de Christian Ngoy, l’étau se resserre autour de John Numbi, qui n’a jamais été entendu dans le dossier Chebeya et avec lequel le militant des droits de l’homme avait rendez-vous le jour de son assassinat.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Quand j’écrivais que Paul Nsapu est un type exceptionnel qui se compte sur les doigts d’une main au RDC, je savais de quoi je parlais. Le RDC est connu pour être un pays où il ne fait pas bon de vivre, une prison à ciel ouvert. Un pays dans lequel, le droit de l’homme est bafoué,une vraie jungle, un pays d’impunité. Je suis vraiment encouragé par la nouvelle de l’arrestation de Christian Ngoy. Espérons que la justice fera son travail, cependant, je me permets d’émettre des doutes car je connais bien mon pays. Tiens, j’apprends que le caméleon Vital Kamerhe serait sorti de la prison de Makala et se la coulerait douce chez lui à Nsele. Surpris ? Non, on sait que des prisonniers puissants ne restent jamais dans l’enceinte de la prison centrale de Makala, ils logent souvent dans les pavillons des installations médicales et sanitaires. Un vrai pays de fous