L’opposition congolaise lance une nouvelle coalition contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Avec l’UNC et l’UDPS côte à côte, cette nouvelle tentative d’union de l’opposition ressemble plutôt à un énième rassemblement de façade.
Depuis la mi-juin, une nouvelle plateforme de l’opposition a vu le jour sous l’égide de l’UNC de Vital Kamerhe, de l’UDPS de Tshisekedi père et fils et des FAC de Martin Fayulu. Ce n’est pas la première tentative d’union de l’opposition et ce n’est sans doute pas la dernière tant les « plateformes » politiques sont nombreuses chez les opposants congolais. « Debout Congolais », la dernière en date sera-t-elle la bonne ? Difficile de le dire, mais un élément nouveau est à noter dans la composition de cette coalition : la présence commune de l’historique UDPS d’Etienne Tshisekedi et de la toute jeune UNC de Vital Kamerhe.
Vital et Félix côte à côte
Les deux leaders avaient joué au chat et à la souris pendant la campagne électorale de 2011 pour tenter de se rapprocher, sans jamais y parvenir. Le « vieux » Tshisekedi (82 ans) refusant l’alliance avec l’opposant de fraîche date, Vital Kamerhe, ancien bras droit du président Kabila avant de basculer dans l’opposition. Depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011, Etienne Tshisekedi s’était petit à petit enfermé dans sa posture de « président » auto-proclamé du Congo, interdisant à ses élus de siéger à l’Assemblée nationale. Un irrédentisme qui avait fini par le rendre inaudible. Mais depuis plusieurs mois, le patron de l’UDPS n’était plus visible et laissait petit à petit son fils Félix prendre le relais auprès des médias et de ses autres partenaires de l’opposition. Ainsi, lorsque mi-juin, le plateforme « Debout Congolais » voit le jour, c’est bien Félix Tshisekedi que l’on a vu aux côtés de Vital Kamerhe sur les photos – Téléchargez le texte de la coalition.
Traduire Malu-Malu en justice
La nouvelle coalition rassemble désormais une soixantaine de partis politiques et d’organisations de la Société civile. Au coeur de l’action de ce nouveau rassemblement : voir le président Joseph Kabila quitter le pouvoir en 2016 en s’appuyant sur l’actuelle Constitution qui l’empêche de briguer un troisième mandat. Dans sa déclaration commune, « Debout Congolais » rappelle ses différents objectifs : « contrer tout changement ou modification de la Constitution, obtenir la convocation d’un dialogue inclusif, restructurer la Commission électorale (CENI) et arrêter par consensus un calendrier électoral ». Pour cela, « Debout Congolais » propose de retirer ses membres siégeant dans l’actuelle CENI et de « traduire l’Abbé Malu-Malu en justice » (le président de la CENI a été nommé par le président Joseph Kabila) – Téléchargez la plainte contre Malu Malu.
Pour un calendrier électoral « complet »
L’opposition estime que le calendrier électoral publié par la CENI le 26 mai dernier constitue une « provocation » pour maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir. La CENI prévoit en effet des élections urbaines, municipales et locales en 2015 dont l’organisation demeure des plus incertaines (notamment au sujet du recensement et du financement). L’opposition craint de voir le calendrier électoral « glissé », prolongeant de fait le mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016. La demande formulée à la CENI par l’opposition, mais aussi par la mission de suivi électoral de l’Union européenne en RDC, était de pouvoir publier un calendrier électoral « complet, consensuel et assorti d’un budget détaillé ». Quelques jours plus tôt, les envoyés spéciaux de la communauté internationale pour les Grands Lacs avaient formulé la même recommandation… pour le moment restée lettre morte. « C’est un coup d’épée dans l’eau, qui n’aboutira jamais » a répondu Benoît Yolama du parti présidentiel sur Radio Okapi. « Les opposants devraient plutôt adresser leurs revendications à l’Assemblée nationale ».
Organiser des « marches pacifiques »
Si la poursuite de l’Abbé Malu-Malu devant la justice congolaise n’a quasi aucune chance d’aboutir, « Debout Congolais » possède une dernière arme : la mobilisation populaire. En cas d’échec face à la CENI, la coalition menace d’organiser « des meetings, des marches pacifiques pour mobiliser le peuple ». La question est de savoir si la population suivra les mots d’ordre de l’opposition dans un contexte sécuritaire qui laisse peu d’espace d’expression aux opposants et notamment dans la rue. En 2011, pendant les élections générales, on se souvient que les quelques manifestations de rue avaient été violemment réprimées par les forces de l’ordre congolaises.
L’opposition ne manque pas d’union
Cette nouvelle tentative de rassemblement de l’opposition sera-t-elle efficace ? Peu efficace, sans réels moyens de pression sur le pouvoir et très divisée, l’opposition congolaise gagne-t-elle à vouloir se rassembler ? Pas certain. En fait, l’opposition congolaise ne manque pas d’union, mais plutôt de leadership. En 2011, c’est l’absence de leaders « forts, incontestables et naturels » qui a empêché une ralliement entre l’UDPS et l’UNC… chacun pensant être plus légitime que l’autre. Entre un leader très vieux (Tshisekedi) et un autre trop jeune (du moins dans les rangs de l’opposition), aucun des deux n’a su s’affirmer sur l’échiquier congolais. Avec l’effacement progressif d’Etienne Tshisekedi au profit de son fils, Félix, les compteurs sont désormais remis à zéro. « Debout Congolais » permettra donc, à défaut de « rassembler » l’opposition, de faire (peut-être) émerger un consensus autour d’un leader. Sur les rangs : Kamerhe, Tshisekedi-fils ou encore Fayulu…
Contrairement au rassemblement affiché, « Debout Congolais » ressemble donc encore une fois à une coalition de façade. Preuve qu’aujourd’hui, avec retrait progressif d’Etienne Tshisekedi de la vie politique, le leadership de l’opposition est toujours vacant.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
ils distraient le peuple car lui même Felix fut appelé à intégrer la ceni, il avait décliné comme toujours par leur méthode traditionnelle de chaise vide pour aller faire du bruit sur la rue. il prétend aujourd’hui défendre la constitution mais , au moment de son élaboration, son camp udps avait refusé de participer au débat et mainant, l’histoire ne fait que les rattraper. LE PEUPLE doit avoir le courage de dénoncer les incohérences et errements politiques de l’udps depuis le maréchal jusqu’alors, les exemples sont légion. ils n’ont qu’à s’impliquer et faire impliquer le peuple dans la ceni en vue de la prendre en otage pour verrouiller les prétendues manœuvres dont ils accusent cette fameuse ceni