Vital Kamerhe, le responsable de l’opposition au dialogue national, a annoncé suspendre sa participation au forum. Il accuse la majorité de vouloir reporter la présidentielle après les élections locales afin de rallonger la période de transition et le maintien au pouvoir de Joseph Kabila.
C’est un coup dur pour le dialogue national convoqué à Kinshasa pour résoudre la crise pré-électoral en République démocratique du Congo (RDC). Vital Kamerhe, président de l’UNC et co-modérateur du forum a décidé de suspendre la participation de l’opposition au dialogue national censé débloquer l’impasse électoral au Congo. Si un relatif consensus s’était dégagé entre la majorité et l’opposition pour réviser intégralement le fichier électoral vicié depuis 2011 et reporter l’élection présidentielle de plusieurs mois, l’idée de la majorité présidentielle d’inverser les scrutins n’a pas été du goût de l’opposition.
Retarder la présidentielle
En effet, la majorité propose, en plus d’un glissement du calendrier d’au moins 16 mois pour refondre les listes électorales, de commencer le cycle par les scrutins locaux pour terminer par l’élection présidentielle. Un artifice qui permet de retarder de nouveau la présidentielle, prévue officiellement fin 2016, de plusieurs mois encore. Pendant ce temps, l’opposition craint que le président Joseph Kabila ne s’éternise au pouvoir alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.
« Ligne rouge »
Le renversement du calendrier électoral est d’autant moins justifiable par la majorité que les élections locales, fixées en 2015, n’ont pas pu être organisés, car jugées « trop coûteuses et trop complexes » à mettre en place. Pour l’opposition, une « ligne rouge » a été franchie par le pouvoir qui crédibilise la thèse du maintien du président Joseph Kabila au pouvoir, coûte que coûte. La crise est donc ouverte à Kinshasa où la totalité de l’opposition se retrouve désormais en dehors du dialogue. Kamerhe vient d’y suspendre sa participation, et Tshisekedi et Katumbi boycottent toujours le forum.
Course contre la montre
En quittant le dialogue Vital Kamerhe reprend main sur les négociations avec la majorité. La balle est désormais dans le camp du pouvoir qui accuse l’opposition de vouloir simplement « perdre du temps ». Seulement le temps ne joue plus vraiment pour la majorité présidentielle en cette fin d’année 2016. La session parlementaire va reprendre mi-septembre et des manifestations sont prévues dès le 20 septembre, jour où les électeurs auraient dû être convoqués par la Commission électorale. Enfin le 19 décembre au soir, marque la fin officielle du mandat du président Joseph Kabila. Le temps presse pour la majorité si elle veut résoudre la crise avant la fin 2016… et l’opposition compte bien en jouer.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia