Pour protester contre l’échec des négociations avec le pouvoir, afin d’organiser la transition politique, l’opposition appelle à une journée ville morte le 3 avril, alors que les syndicats annoncent une grève générale le 5 avril.
Trois mois de dialogue de sourds entre majorité et opposition ont débouché sur une impasse politique totale en République démocratique du Congo (RDC). D’accord sur rien, les deux signataires de l’accord de la Saint-Sylvestre, censé organiser la transition politique jusqu’à l’organisation de nouvelles élections, s’est soldé par un inquiétant constat d’échec. Nom du Premier ministre, présidence du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), attribution des postes de ministres, chronogramme des élections… opposition et pouvoir se rejettent la responsabilité du blocage.
Le 27 mars, les évêques de la Conférence épiscopale, en charge de la médiation, ont jeté l’éponge d’un impossible round de négociations. Pour la majorité, la mort de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui devait occupé la présidence du CNSA, et le fait que l’opposition veuille imposer Félix Tshisekedi à la Primature, ont rendu l’accord du 31 décembre caduque. Un blocage « inacceptable » pour l’opposition congolaise qui en appelle désormais à la rue.
Trois appels à la mobilisation en une semaine
Pour protester contre l’impasse politique, le Rassemblement de l’opposition, principale signataire de l’accord de la Saint-Sylvestre, demande à la population congolaise d’observer une journée « ville morte » le lundi 3 avril sur tout le territoire congolais. Pour l’opposition, le pays est entré en « situation de chaos » savamment entretenu par Kinshasa. Les syndicats congolais, soutenus par l’opposition, appellent également à une grève générale dès le 5 avril. Et l’UDPS, parti créé par Etienne Tshisekedi et composante principale du Rassemblement, doit organiser « une marche » le 10 avril.
En moins d’une semaine, l’opposition espère bien reprendre la main sur le calendrier politique, alors que les évêques de la Cenco ont demandé au président Kabila de « s’impliquer davantage dans le processus politique ». Car désormais, avec la fin annoncée de l’accord du 31 décembre, c’est un calendrier plus favorable qui s’ouvre pour le président Joseph Kabila, accusé de vouloir s’accrocher au pouvoir après la période de transition. Le chef de l’Etat a réussi a bloqué l’intégralité du processus politique et peut maintenant jouer sur l’élasticité du calendrier électoral et l’embrasement de différents foyers de violences pour retarder une nouvelle fois la tenue des élections dans les délais. L’opposition demande maintenant à la rue « de se prendre en main »… et de trancher. Un pari risqué. Les dernières mobilisations populaires de décembre en RDC s’étaient soldées par une forte répression et une cinquantaine de morts.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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