L’ONU a subi sa plus grave attaque en République démocratique du Congo après la mort de 15 casques bleus lors d’une attaque attribuée aux rebelles ougandais des ADF. Mais les soupçons planent quant à la réelle identité des assaillants.
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre la Monusco en RDC depuis son déploiement en 1999. Mais trois jours après l’assaut de la base de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) de Semuliki, les circonstances de l’assaut sont encore troubles. Selon les premières informations, les assaillants auraient attaqué la base des Nations unies jeudi 7 novembre en fin de journée. Dès le début de l’attaque, les assaillants auraient détruit le poste de communication, rendant la base de Semuliki injoignable par le commandement des Nations unis. Mais plusieurs questions restent ensuite sans reposes, notamment sur la lenteur de la riposte des casques bleus (dont l’hélicoptère n’est intervenu que le vendredi matin), et des soldats congolais des FARDC (dont un poste militaire se trouvait à 500 mètres de la base des casques bleus tanzaniens). L’ONU promet une enquête, mais le bilan est lourd : 15 casques bleus sont morts et 53 ont été blessés. Du côté gouvernemental, les informations restent floues : les FARDC font état d’un officier blessé et d’un disparu, alors que l’ONU a annoncé la mort de 5 soldats congolais. Kinshasa affirme par ailleurs que 72 assaillants ont été tués.
Armée congolaise : le retour des soupçons
Les massacres sans fin se suivent dans la région de Beni depuis 2014. La base attaquée des casques bleus de Semuliki se trouve en plein coeur d’une zone ravagée par les attaques présumés de rebelles ougandais des Allied Democratic Forces (ADF). En trois ans, plus de 1.000 morts ont été recensés dans la région. Les victimes sont exclusivement des civils, tués ou égorgés la plupart du temps à l’arme blanche. L’attaque de la base des Nations unies marque donc un tournant dans cette série de massacres, puisque c’est la première fois que les casques bleus sont directement visés par une attaque. Fait troublant : alors que les attaques imputées aux ADF contre les populations civiles se font avec des armes sommaires (des machettes et des couteaux), l’assaut de la base militaire de Semuliki s’est effectué à l’arme lourde, notamment au moyen de lance-roquettes. Le camp des casques bleus a d’ailleurs et partiellement détruit. La singularité de cette attaque remet donc sur la table les soupçons de collusion entre certains groupes armés, dont les fameux ADF, avec des militaires congolais de l’armée régulière (FARDC). Un rapport des experts de l’ONU et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) ont récemment pointé la responsabilité du général Muhindo Akili Mundos, comme « complice et co-auteur de certains massacres de masse » – voir notre article.
Pour le départ d’une « force ingérente » ?
Plusieurs questions se posent après l’attaque de la base onusienne. D’où proviennent les armes ? Pourquoi l’armée congolaise n’ont pas réagit plus rapidement ? Quel intérêt avaient les rebelles ADF de cibler une base de l’ONU ? Des questions pour l’instant sans réponse. D’autant que cette attaque tombe dans un curieux timing. Lundi dernier, soit 3 jours avant l’attaque de Semuliki, l’organisation Human Rights Watch (HRW) accusait l’armée congolaise d’avoir recruté des ex-rebelles du M23 pour réprimer dans le sang les manifestations de décembre 2016 – voir notre article. Un rapport, qui comme de nombreux autres, tend à démontrer que Kinshasa joue dangereusement avec les groupes armés, s’en servant à la fois pour justifier l’insécurité en RDC et reporter, par exemple, les élections, et à la fois pour réprimer ou faire la guerre par procuration. Des mercenaires bien utiles dont le pouvoir se sert en fonction des circonstances. Une « stratégie du chaos » savamment orchestrée et dénoncée par l’opposition congolaise, qui accuse le président Joseph Kabila de vouloir ainsi se maintenir au pouvoir malgré la fin de son mandat. Enfin, cette attaque sert aussi les intérêts de Kinshasa qui cherche depuis plusieurs années à faire partir la Monusco, qu’elle considère comme une « force ingérente » aux affaires congolaises. Si cette attaque ne remettra sans doute pas immédiatement en cause la présence des casques bleus en RDC, elle rendra sans doute plus « prudente » l’attitude de la Monusco sur le terrain, ce qui arrange Kinshasa, plongée depuis plusieurs mois dans une grave crise pré-électorale.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La communauté internationale doit prendre cette attaque au sérieux et à le devoir de prendre des mesures qui s’imposent vis à vis des coupables
Madame, Monsieur,
Moi j’accuse directement le pouvoir de Kinshasa d’être à la base de ces massacres des casques bleus de la MONUSCO. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Le pouvoir est capable de fabriquer un tel coup pour faire peur à la MONUSCO. Encore qu’il n’a plus rien à perdre. IL FAUT TUER POUR SEMER LA TERREUR » LA CULTURE DE LA MORT » LES BLANCS N’AIMENT PAS VOIR LES CADAVRES DE LEURS FRERES; ILS VONT EVACUER LA RDC! Un conglomérat d’aventuriers, des ex-rebelles de l’AFDL?
JOSEPH KABILA, AZARIAS RUBERWA, LAMBERT MENDE WAMALANGA, ALEX TAMBWE MWANBA, NORBERT BASENGEZI KATINTIMA,SHE OKITUNDU….
Pensez-vous un seul instant qu’un rebelle peut se convertir un jour, en démocrate?
Curieusement les Adf n’ont jamais ,depuis plusieurs annees tués personne en Ouganda sauf au Congo ,pourquoi?
Pourquoi les gouvernants à Kinshasa accusent à chaque fois les Adf qui n’ont que faire du pouvoir congolais ,alors qu ‘ils visent et espèrent renverser les autorités de Kampala?
Souvenez vous de cette promesse faîte à Jakaya Kikwete par Paul Kagame , je cite « un jour , je vous rencontrerait quelque part et je vous frapperait» lancez vos fin limiers la dessus et vous aurez vos reponses.
Tout celui qui suit de près le drame devenu endémique de l’Est et s’arrête particulièrement sur les massacres des civils innocents autour de Beni depuis trois ans (environ 1600), est aujourd’hui déboussolé autant qu’il est malheureux de n’en connaître ni les causes exactes ni les auteurs dévoilés en même temps qu’il est impatient de voir les contre-feux efficaces contre ces abominables crimes…
Avec le dernier carnage, interrogations et non-réponses sont démultipliées, de toute évidence les commanditaires ont voulu imprimer un tournant de plus à cette violence qui frappe la population de Beni mais qui à cet instant à côté de pauvres civils victimes faciles et des militaires Congolais, a ciblé en plus les Casques bleus…
Il est plus que temps qu’à l’Onu et plus généralement dans la CI on se réveille, on cesse de laisser pourrir la situation, la prenant pour un feu-follet exotique de plus : les coupables sont à attraper de suite et à envoyer pourquoi pas à la CPI…
Jadis d’autres furent pris à la légère et même ici et là protégés jusqu’à embraser davantage le climat. Le temps est passé pour faire de même : l’Onu a les moyens de retrouver ces coupables, il lui reste la responsabilité et le courage de passer maintenant à l’acte, d' »éventrer enfin le boa » sans s’encombrer des raisons d’Etat et des « indifférences diplomatiques » en face de ce génocide qui gonfle…
Qui sont les auteurs de cette tragédie en crescendo ? Ici l’ampleur de l’attaque qui suppose logistique et organisation au-dessus des moyens sommaires des simples ADF plaide pour les soupçons de collusion aujourd’hui bien documentés entre certains groupes armés, dont les fameux ADF, des militaires congolais de l’armée régulière, essentiellement rwandophones accumulés à l’Est et au-delà les plus hautes autorités du pays mais aussi les officiels rwandais et ougandais dont personne n’ignore plus la volonté de déstabilisation en vue de balkanisation de notre pays…
Rwandais et ougandais avaient refusé l’arrivée des Casques bleus tanzaniens et avaient même promis de leur faire la peau, aujourd’hui à qui d’autre profite ce crime sinon à ce triangle de la mort au Congo/Zaïre (Kabila, Kagame, Kaguta ) via les troupes rwandophones à loyauté double qui avaient déjà fait leurs preuves (Mushake, Goma…) et dernièrement au Kasai ? Et la Monusco le sait, ou du moins il le peut s’il le veut et en l’occurrence il le doit car l’honneur de l’Onu y est sévèrement entaché ! Coupable par omission, complicité, lâcheté et intérêt paradoxal…
Le Congo est depuis deux décennies victime d’une indifférence coupable qui refuse de nommer le génocide qu’il subit venant de dedans et de dehors..t
A bon entendeur………….
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