Les partisans de l’ancien président viennent de propulser leur poulain en orbite pour la prochaine présidentielle de 2023. Reste à savoir si cette possible candidature est constitutionnelle.
Moins d’un an après l’élection de Félix Tshisekedi, les grandes manoeuvres pour la présidentielle de 2023 sont déjà lancées. Et c’est sans surprise le parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), le parti de l’ancien président Joseph Kabila, qui a dégainé le premier. Pour le mouvement kabiliste, il ne fait aucun doute que l’ex-président congolais sera candidat à la prochaine présidentielle. C’est au cours d’un mini-congrès du PPRD à Lubumbashi que le retour programmé du raïs a été annoncé. En principal porte-voix de la kabilie, le secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazany Shadary, candidat malheureux à la dernière présidentielle a sonné la fin des vacances et la rentrée politique de Joseph Kabila.
Joseph Kabila toujours à la manoeuvre
Le retour de l’ancien président sur la scène politique congolaise n’est pas vraiment une surprise, d’autant qu’il ne l’avait jamais vraiment quitté. Autorité morale du Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme au pouvoir, et patron du PPRD, Joseph Kabila continue de faire la pluie et le beau temps sur la vie politique congolaise. On l’a notamment vu à la manoeuvre lors de la désignation du Premier ministre, du président du Sénat, et de la présidente de l’Assemblée nationale… tous très proches de l’ancien chef de l’Etat. Il faut dire que depuis l’élection surprise de Félix Tshisekedi, le FCC et son poisson pilote, le PPRD, ont raflé l’essentiel des pouvoirs institutionnels du Congo, avec une majorité écrasante à l’Assemblée, au Sénat et dans les provinces. Et avec ses 120 députés nationaux, 37 sénateurs, 167 Députés provinciaux et 15 Gouverneurs de Province, le PPRD est incontestablement le parti le mieux positionné sur l’échiquier politique congolais, selon Ramazani Shadary. Pour 2023, le parti kabiliste vise les mêmes objectifs… la présidentielle en plus.
Reconquête du Katanga
L’annonce du possible retour de Joseph Kabila n’étonne personne à Kinshasa. Fin 2016, alors que son deuxième et dernier mandat arrivait à son terme, le président congolais a tout fait pour retarder l’échéance et tenter de s’accrocher au pouvoir. S’en sont suivies deux années de crise politique aiguë, de manifestations, de répression … et de deux reports de l’élection présidentielle, qui aura finalement lieu en décembre 2018. La “fin des vacances” de Joseph Kabila annoncée à Lubumbashi lors du mini-congrès du PPRD, indiquent que le come-back du l’ancien président passera par la reconquête du Grand Katanga, une province électorale clé pour la kabilie. Porté au pouvoir et soutenu par le “clan des Katangais”, Joseph Kabila ne peut se passer du soutien de la riche province minière. Politiquement et économiquement.
Avec ou sans Katumbi
En marge des assises du PPRD, certains caciques du parti évoquaient un possible rapprochement avec l’ancien gouverneur de la province, Moïse Katumbi, désormais passé dans l’opposition, et lui aussi en lice pour 2023. Une éventuelle réconciliation entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi permettrait sans aucun doute à l’ex-président de revenir en force dans les urnes. Mais pour l’instant, les supputations ont tourné court. En meeting à l’Est du pays, Moïse Katumbi a tenu à rassurer ses militants et à démentir tout rapprochement avec Joseph Kabila : “Cessez d’écouter les mensonges”.
Retour en force du PPRD
Si le retour au pouvoir de Joseph Kabila semble passer par le Katanga, il ne passera sans doute pas pour le FCC. Le plateforme de circonstance formée après la défaite du candidat pro-Kabila Emmanuel Ramazani Shadary ne survivra peut-être pas au premier quinquennat de Félix Tshisekedi. En 2023, la machine de guerre électorale de Joseph Kabila s’enclenchera sous les couleurs du PPRD, seul parti 100% kabiliste. “C’est Kabila qui a désigné le premier ministre. Kabila qui est le chef du FCC, Kabila qui est le chef du PPRD qui est la puissance du Congo, Kabila est le propriétaire de l’Etat et l’acteur majeur et principal de la RDC” a martelé Emmanuel Ramazani Shadary dans un meeting à Likasi.
Obstacle constitutionnel ?
Mais pour se représenter aux élections de 2023 et tenter de revenir à la tête de la RDC, Joseph Kabila devra tout de même convaincre que la Constitution autorise sa candidature. L’article 70 de la Constitution congolaise prévoit en effet que « le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois« . Joseph Kabila ayant déjà été candidat et élu à deux reprises, certains doutent qu’une troisième candidature soit constitutionnelle. Un doute balayé par Néhémie Mwilanya, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila et coordonnateur du Front commun pour le Congo (FCC), « aujourd’hui, aucun obstacle constitutionnel ou institutionnel voire politique n’empêcherait le retour [de l’ancien] président Kabila et surtout ne pourrait empêcher qu’il soit candidat » à la présidentielle.
Article 70, Sénateur à vie…
De nombreux juriste se sont penchés sur la Constitution et remettent en cause la lecture faite par le FCC. Pour Jean-Marie Kabengela Ilunga, avocat au barreau de Kinshasa, il manque un mot dans ce texte : “consécutivement”. Cette disposition constitutionnelle ne dit pas : “… un mandat de cinq ans renouvelable consécutivement une seule fois”. Selon lui, la présence de ce mot aurait pu permettre à un candidat qui a déjà exercé deux mandats présidentiels consécutifs de pouvoir participer à nouveau à la compétition présidentielle. Mais en l’absence du mot « consécutivement« , ce n’est pas le cas. Un autre anomalie a été détectée par le professeur André Mbata : l’incompatibilité entre le statut de Sénateur à vie, dont bénéficie désormais Joseph Kabila, et tout autre mandat électif. Selon le constitutionnaliste, Joseph Kabila ne peut donc pas briguer un nouveau mandat présidentiel en étant Sénateur à vie.
Une Cour constitutionnelle et un Congrès favorables à Joseph Kabila
Il est donc fort à parier que le débat autour de l’article 70 risque de faire rage dans les prochains mois, si l’éventualité d’une candidature de Joseph Kabila se précise. Mais une chose est sûre, l’ancien président peut encore compter sur l’actuelle Cour constitutionnelle, qui lui est largement favorable, pour trancher ce litige. En cas de forte contestation Joseph Kabila pourra aussi compter sur la Commission électorale (CENI), l’Assemblée nationale et le Sénat pour faire en sorte que la lecture de l’article 70 lui permette de se représenter à la présidentielle, voire de modifier la Constitution en cas de besoin. Mais un proche de l’ancien président prévient sur ce scénario un peu trop bien huilé et prévisible du retour de Kabila… Barnabé Kikaya Bin Karubi avertit : “En 2016, Kabila va changer la Constitution. Rien. En 2018, Kabila sera candidat. Rien. 2019, partira, partira pas : il est parti. Aujourd’hui, l’idée d’un retour éventuel fait trembler tout le monde. En silence, mû par sa passion pour le Congo, Kabila veille au grain” conclut le diplomate qui nous rappelle que Joseph Kabila a toujours surpris son monde.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Bon, c’était prévisible, on connait la légèreté et la médiocrité qui caractérisent la classe politique congolaise. Toutefois,un bémol, personne au RDC fait attention aux propos de Nehémie, Shadary et autres…Ces larbins sont dans leurs rôles des fous du roi. Au fait, les membres éhontés du FCC montent les enchères, le jeu puéril consiste à trouver le plus fayot d’entre eux. Un ancien député national Zachary Bababwase a comparé les hommes politiques congolais à nos musiciens. C’est vrai que le peuple congolais ne fait pas de différence entre Shadary et le chanteur Werrason, Nehémie et MamaTshala Muana,,Mova et JP Mpiana..etc. Loin de moi, l’idée d’abaisser les musiciens congolais, bien au contraire, certains font notre bonheur et honneur; Maìtre Gims, Ray Lema, Jean Goubald, Fally, Nioka et autres….On ne veut plus de’Joseph Kabila et de son entourage. D’ailleurs, » Joseph Kabila », cousin Zoé ou tante ou soeur jumelle Ursula « Janet Kabila Kyungu » n’auraient jamais obtenu la nationalité congolaise dans les pays organisés suite à leurs manques d’intégration, déficit en langue française, dossiers criminels, faux et usage de faux., assassinats ciblés. Mon pays, le RDC fait honte…