Le général de brigade Étienne Mbunsu Bindu percevait un tiers de la production d’or d’une mine du Nord-Kivu, selon Global Witness. Un business pourtant interdit par la loi pour les militaires et les hauts fonctionnaires.
Avec une solde mensuelle de 82$ par mois, les officiers supérieurs de l’armée congolaise (FARDC) sont pourtant parmi les plus gros détenteurs de biens immobiliers en RDC, mais aussi à l’étranger. Des villas et des immeubles estimés à plusieurs millions de dollars. Une « anomalie » qui s’explique le plus souvent par le fait que ces militaires sont impliqués dans de nombreux business forts lucratifs, dont celui des mines. L’ONG Global Witness s’est récemment intéressé aux affaires du général de brigade Etienne Mbunsu Bindu. Un officier qui perçoit un tiers de la production d’or de la société Geminaco, qui exploite une mine dans l’Est du pays.
Selon Global Witness, le général Bindu « semble s’être servi de son fils comme mandataire pour contourner la loi qui interdit aux militaires de s’impliquer dans le secteur minier ». La production d’or réservée au général des FARDC, « pourrait atteindre des dizaines de milliers de dollars par an ». Le plus grave, souligne l’ONG, c’est que « le tribunal n’est pas intervenu pour empêcher cette démarche et qu’entre-temps, 77% des Congolais vivent avec moins de 1,90$ par jour ».
Prédation et corruption généralisées
Le général de brigade Bindu est depuis longtemps impliqué dans le secteur minier à Walikale, et ses intérêts dans le site d’Omate remontent à 2010, année où il a conclu avec le général major Amisi un accord similaire avec la Geminaco. L’affaire Bindu soulevée par Global Witness s’inscrit donc dans un contexte de prédation et de corruption généralisées en République démocratique du Congo. Militaires et hauts fonctionnaires sont régulièrement accusés « d’avoir abusé de leurs fonctions à des fins d’enrichissement personnel ».
Des rapports du Groupe d’Etude sur le Congo et de l’agence Bloomberg montrent que le président Joseph Kabila et ses proches détiennent des parts dans plus de 80 entreprises représentant plusieurs dizaines de millions de dollars. Global Witness a récemment révélé que « 750 millions de dollars versés par des entreprises minières à des organes étatiques congolais avaient « disparu », n’ayant jamais atterri dans les caisses du Trésor national ».
Alors que le Code minier congolais s’apprête à être révisé, Global Witness exige que « la disposition du Code minier relative aux conflits d’intérêt doit être maintenue et renforcée ». Enfin, l’implication du général Bindu dans le commerce de l’or devrait également « faire l’objet d’enquêtes plus poussées » selon l’ONG.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia