Plusieurs meetings de l’opposition sont prévus samedi 23 et dimanche 24 avril à Kinshasa, mais aussi Lubumbashi, dans un climat politique tendu. L’UDPS, le MLC, l’UNC et Moïse Katumbi pourront ainsi mesurer leur capacité de mobilisation.
L’opposition congolaise sera dans la rue ce week-end en République démocratique du Congo (RDC). Au menu des revendications : le dialogue politique toujours au point mort et le très probable report de l’élection présidentielle fixée fin 2016. C’est l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui ouvrira le bal des manifestations du week-end avec un rassemblement ce samedi de ses militants devant le siège du parti dans la commune de Limete. Seul parti d’opposition a rester ouvert au dialogue politique initié par le président Joseph Kabila, le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, aura sûrement à coeur de clarifier la position du parti sur sa possible participation au dialogue. Jusque-là, la base de l’’UDPS reste très divisée sur l’opportunité de négocier avec le président congolais ce que ressemble à une prolongation de mandat. La Constitution interdit en effet à Joseph Kabila de se représenter une troisième fois, mais la majorité présidentielle demande de retarder les élections afin de fiabiliser le fichier électoral. L’UDPS a toujours conditionné sa participation au dialogue à la présence d’une médiation internationale que la majorité présidentielle n’a, pour le moment, pas accepté.
Mise au point à l’UDPS ?
Deux écoles s’affrontent au sein de l’UDPS : le camp favorable au dialogue et à une transition en échange du poste de Premier ministre à un membre du parti et le front anti dialogue qui ne souhaite pas prolonger en dehors des délais constitutionnels le mandat du président Kabila. Le rassemblement de ce samedi constituera donc un test intéressant pour le parti d’Etienne Tshisekedi, dont les atermoiements sur sa possible participation au dialogue déstabilise bon nombre de ses soutiens. Le discours de Bruno Mavungu sera donc particulièrement scruté ce samedi à Kinshasa par la majorité présidentielle, mais aussi par le reste de l’opposition, opposé à tout type de dialogue avec le pouvoir.
Meeting sous pression boulevard Triomphal
Le second meeting des opposants au président Joseph Kabila se tiendra dimanche 24 avril sur le boulevard Triomphal dans la commune de Kasa-Vubu. Les anti dialogue se retrouveront sous la bannière de la Dynamique de l’opposition, une plateforme rassemblant le MLC, l’UNC, l’Ecidé, les Fonus et une bonne partie de l’opposition congolaise. La manifestation se déroulera sous haute tension, après la violente répression de la mobilisation contre la loi électorale de janvier 2015 qui s’était soldée par une quarantaine de victimes selon les ONG internationales. La ville de Kinshasa a d’ailleurs fortement recommandé aux opposants de « délocaliser » la manifestation dans un lieu « fermé » afin de facilité le maintien de l’ordre. Une « recommandation » rejetée par la Dynamique de l’opposition. Au programme des revendications de ce meeting : la tenue des élections dans le délai constitutionnel, la volonté d’alternance au pouvoir à la fin 2016 et le refus d’un dialogue qui n’aurait d’autre objectif que de maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir au-delà de 2016.
Meeting test pour Katumbi
Le dernier test pour l’opposition congolaise se déroulera également dimanche 24 avril, mais à Lubumbashi, loin de la capitale congolaise, fief du camp présidentiel dont plusieurs caciques sont récemment passés dans l’opposition au chef de l’Etat. L’ex-gouverneur de la province, Moïse Katumbi, ancien allié de Joseph Kabila et nouvel opposant, a appelé à un grand meeting populaire pacifique à 15h près du stade de la Kenya en présence de tous les membres du G7, le groupe des anciens frondeurs de majorité. Probable candidat à la prochaine présidentielle (sous les couleurs du G7), Moïse Katumbi compte bien faire de ce dimanche une démonstration de force dans les rues de la riche capitale minière. Après avoir claqué la porte de la majorité présidentielle, le président du célèbre club de football TP Mazembe doit maintenant prouver sa capacité à mobiliser la population derrière son nom. Le camp présidentiel aura donc ce week-end un oeil sur Kinshasa, mais aussi sur Lubumbashi afin d’évoluer les nouveaux rapports de force au sein de l’opposition congolaise.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia