Le sénateur Jean-Damascène Bizimana vient d’être nommé à la tête de la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG). Il remplace Jean de Dieu Mucyo, ancien ministre de la Justice, rescapé du génocide contre les Tutsi.
Jean-Damascène Bizimana, ancien séminariste Père blanc, est docteur en Droit de l’université de Toulouse. Il a été membre des commissions d’enquête sur le rôle de la France dans le génocide (dite “Commission Mucyo) et sur l’attentat du 6 avril 1994 (dire commission Mutsinzi). Président de la Commission des affaires étrangères au sénat du Rwanda, Jean-Damascène Bizimana est également un érudit, Il a écrit « L’Église et le génocide au Rwanda », Ed. L’Harmattan, 2001, et en 2014 « L’itinéraire du génocide commis contre les Tutsi ». L’auteur a rassemblé une impressionnante documentation provenant d’archives rwandaises d’avant le génocide peu explorées auparavant, en provenance notamment de la gendarmerie, des ministères la Justice, de l’Intérieur et du Service central de renseignement (SCR).
Poursuivant les recherches menées par Jean-Pierre Chrétien, Marcel Kabanda et Jean-François Dupaquier sur “les médias du génocide”, le sénateur Jean-Damascène Bizimana a pu consulter l’ensemble de la presse écrite rwandaise des années 1990 à 1994. Son dernier ouvrage fourmille de références nouvelles. C’est un livre précieux pour les Rwandais et les chercheurs. C’est aussi une oeuvre de référence pour qui veut comprendre comment le génocide des Tutsi du Rwanda a été soigneusement programmé avec le consentement au moins tacite de Paris.
Toujours cette diabolisation quasi obsessionnelle de la France !
Il faut quand même ne jamais oublier que le génocide au Rwanda a vu s’entre-tuer entre eux des rwandais !
Il y’eut le pouvoir tutsi qui le permit et l’anima mais en face se trouvait un autre pouvoir aussi militaro-politique, le FPR tutsi qui n’est pas resté les bras croisés !
Et au milieu tout le peuple rwandais qui en subit effroyablement la tragédie : parmi eux de manière quasi indiscriminée pendant qu’il se commettait des Tutsi comme des Hutu !
Faut-il rappeler qu’avant comme pendant mais aussi après les relents d’un conflit « ethnique » séculaire entre Tusti et Hutu ont alimenté ces crimes; l’épisode de 1994 fut l’acmé horrible de cette hostilité mutuelle, des prémices sont bien présentes dans l’histoire de ce pays !
Je veux ainsi rappeler ici que quelles qu’en soient les origines, les prétextes internes ponctuels et les interférences exogènes, il n’y aurait pas eu ce vécu contentieux ancien, on n’en serait peut-être pas arrivé à ce crime extrême…
Le génocide n’arrive pas tous les jours malgré les discordes et guerres civiles dans l’histoire et de par le monde !
Ce n’est pas faire acte de « négationnisme » ou d’absolution des « génocidaires » hutu que d’attester que le génocide a vu non des victimes totalement désarmées face à leurs bourreaux comme ailleurs mais aussi des forces anti-génocidaires bien organisées qui les défendaient dans une stratégie politico-militaire solide avec des appuis externes forts; que ces dernières sortirent gagnantes et que l’histoire « officielle » en cours est d’abord celle de vainqueurs (les anciens bourreaux furent en fait à terme les perdants politiques et militaires sur le terrain pendant le crime contrairement aux autres génocides où la victoire morale, politique et militaire des victimes n’intervint que dans les suites); que les deux entités jadis combattantes continuèrent à cohabiter dans cette position qui ne peut ignorer les « vengeances » ou autres « réparations » légitimes; que la suite voit un pouvoir représentant officiellement et moralement les victimes qui n’en a pas moins construit une hégémonie de son aile sur le pays…
La France a joué un rôle nuisible parce que d’abord elle fut avant et même pendant l’amie politique et diplomatique d’un pouvoir « génocidaire » mais nos exégètes ont-ils fait le travail honnête et objectif de convoquer celui de ceux qui furent derrière les Tutsi dès 1990; se sont-ils posé cette question essentielle pour la compréhension de l’acte tragique et pour l’histoire quelle aurait été son issue si les combattants Tutsi qui ont guerroyé avec leur aide ne l’avaient fait comme ils ont agi tout au long de cette tragédie qui avait débuté bien avant avril 1994 et s’est poursuivi après ?
Et généralement se sont-ils penché sur le rôle de FPR et de son APR avant, pendant et après le génocide et pas seulement sur le pouvoir Hutu et ses « complices » ?
Oui après ! La geste combien violente et meurtrière du pouvoir Tutsi au Rwanda et au Congo qu’aucun observateur objectif ne peut nier, n’en dit pas moins sur sa nature profonde ?
Encore une fois, on ne peut nier le génocide commis par le pouvoir hutu contre les Tusi et non aussi caricaturalement que le demande Kagame à chaque Hutu de se repentir de « son » crime de génocide par les Hutu en tant que tels, il est réel et exige condamnation et « punition » mais l’histoire du génocide reste, hélas, celle des vainqueurs qui ignore exprès ses propres culpabilités qui sont plus qu’évidentes; l’avenir harmonieux durable des rwandais l’exige !
L’émotion; le rejet du crime abominable, la compassion aux victimes ne dispensent pas de regarder partout si l’on veut que cela ne se répète plus jamais !
Le Congolais que je suis qui a vécu l’horreur quasi gratuite seulement pour se venger et éradiquer des prétendus « génocidaires » ne peut pas ne pas regarder autrement Kagame, si représentant de victimes du génocide se veut-il !
Regardez d’ailleurs quelle est aujourd’hui sa « gouvernance » dans son propre pays ! L’avenir nous en révélera peut-être davantage, qui sait, MM Bizimana ou Dupaquier ou pas !