Accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat à Kinshasa, l’expert militaire belge Jean-Jacques Wondo a vu sa condamnation à mort confirmée en appel. Alors que toutes les preuves se sont effondrées, la justice congolaise reste inflexible. Selon ses proches, « le sort de Jean-Jacques Wondo est entre les mains du président Félix Tshisekedi ».

La mobilisation ne faiblit pas pour exiger la libération de Jean-Jacques Wondo, un expert militaire belge d’origine congolaise, détenu depuis 9 mois à Kinshasa pour ses liens supposés avec l’auteur d’un coup d’Etat raté, le 19 mai 2024. Et pour cause, sa condamnation à la peine de mort a été confirmée en appel par la justice congolaise le 27 janvier dernier. L’affaire est largement prise au sérieux en Belgique. L’ambassadrice belge à Kinshasa, Roxane de Bilderling, a été rappelée pour consultation et son homologue congolais a été convoqué à Bruxelles. Mais pour l’instant, rien ne bouge. L’affaire abracadabrantesque qui a poussé la justice congolaise à la condamnation à mort de Jean-Jacques Wondo s’est pourtant très vite dégonflée. Accusé d’être en relation avec l’instigateur du coup d’Etat manqué, Christian Malanga, toute l’accusation reposait sur le témoignage du réceptionniste de son hôtel, un certain Malusha Mukinzi. Selon le ministère public, l’homme aurait servi d’intermédiaire entre Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga, tué pendant la tentative de coup d’Etat. Le hic, c’est que Malusha n’a jamais pu s’expliquer devant la justice, puisqu’il était « introuvable » selon le ministère public. En fait, le témoin principal de l’accusation se trouvait déjà… en prison, débusqué par les propres avocats de Jean-Jacques Wondo.
Pas de pourvoi en cassation
Les dessous de l’affaire seraient dignes d’un mauvais vaudeville si l’expert militaire belge ne risquait pas la peine capitale. Pendant l’audition lors du procès en appel de Jean-Jacques Wondo, le témoin-clé révèle avoir été enlevé et torturé par les services de sécurité congolais pour témoigner contre l’accusé. Il a également réfuté être le propriétaire des téléphones qui servaient de pièces à conviction au ministère public pour charger Wondo. « Lorsque que vous voyez la manière dont le ministère public a soustrait Malusha à la justice, cela démonte la cabale qui a été montée contre Jean-Jacques », se désole Joël Kandolo, porte-parole de la famille, interrogé par Afrikarabia. Les avocats de Jean-Jacques Wondo ont décidé de ne pas se pourvoir en cassation. « Nous n’avons plus d’autres éléments a apporter à la justice. Tout a été mis sur la table. Pendant le procès en appel, le ministère public n’a même pas contredit les révélations de Malusha, ni son témoignage. Cela montre clairement le complot ourdi contre Jean-Jacques Wondo ».
« Je ne crois pas à une guerre des services »
Les raisons de cet acharnement judiciaire ont, dans un premier temps, été expliquées par une guerre des services au sein des renseignements congolais. L’expert militaire belge avait rejoint Kinshasa à la demande du patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), et des proches de Félix Tshisekedi, qu’il connait personnellement depuis de longues dates. Censé réformer l’ANR et « l’humaniser », l’arrivée de Jean-Jacques Wondo aurait entraîné des règlements de compte internes. Joël Kandolo ne croit pas vraiment à cette thèse. « Quelque temps après l’arrestation de Jean-Jacques, le patron de l’ANR qui l’avait appelé à Kinshasa, Daniel Lusadusu, a été démis de ses fonctions. Mais Jean-Jacques continuait de croupir en prison. Et j’étais inquiet, parce que nous connaissions bien Félix Tshisekedi lorsqu’il était à Bruxelles. Il considérait Jean-Jacques comme un frère et ami. Il a été arrêté par l’ANR, puis relâché et reconvoqué ensuite. Alors, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de plus grave que cela et que c’était une cabale plus élaborée avec des personnes plus puissantes derrière. Je ne crois pas à la guerre des services. Si c’était cela, la mise à l’écart de Daniel Lusadusu aurait dû permettre la libération de Jean-Jacques Wondo ».
« Sa libération dépend de Félix Tshisekedi »
En Belgique, l’affaire a fait grand bruit. Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères belges sont intervenus, jusqu’au Roi des Belges qui est entré en contact directement avec Félix Tshisekedi. Pour Joël Kandolo, « seul le président congolais détient la solution à ce problème, et lui seul ». Ce proche croit savoir que Félix Tshisekedi est au courant des derniers développements de l’affaire Wondo, et des « preuves fabriquées » par la justice. « Nous pensons que l’arrestation de Jean-Jacques n’est pas du fait de Félix Tshisekedi, mais sa libération dépend de lui. Il sait que Jean-Jacques est innocent. On ne peut plus penser que le président n’est pas au courant. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on ne se pourvoit pas en cassation. Avec toutes ces révélations, si la justice n’a pas voulu l’acquitter en appel, on préfère laisser son sort entre les mains du président ».
Jean-Jacques Wondo « otage politique »
La situation sécuritaire à l’Est du pays, avec la prise de Goma, par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise, place l’affaire Wondo dans un contexte plus délicat. On aurait pu penser qu’en quête de soutiens européens, Félix Tshisekedi fasse un geste envers la Belgique sur ce dossier pour pousser l’obtention de sanctions contre Kigali. Mais étrangement, rien ne se passe. « Au point où nous en sommes, Jean-Jacques n’a plus le statut de prisonnier, explique Joël Kandolo, il a un statut d’otage politique. La Belgique a bien réussi à obtenir la libération d’Olivier Vandecateele, détenu par l’Iran, dans un dossier beaucoup plus complexe ». Ses proches espèrent donc une libération rapide, d’autant que la santé de Jean-Jacques Wondo s’était dégradée ces derniers mois. Selon Joël Kandolo, l’ambassadrice belge a pu obtenir la visite d’un médecin et accéder à quelques médicaments. « Il a été examiné, on attend les résultats, mais la situation est stable pour le moment ».
Une justice « malade »
Derrière l’affaire Wondo, il y a aussi le retour de la peine de mort en République démocratique du Congo (RDC), qui a levé dernièrement son moratoire. L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France), en pointe sur le combat contre la peine de mort, vient de lancer une mobilisation en ligne pour interpeller le président Félix Tshisekedi. Selon Clément Boursin, responsable du programme Afrique, « Jean-Jacques Wondo n’est pas un cas isolé, et sa condamnation à mort met en lumière les dysfonctionnements d’un système judiciaire politisé, où des civils sont jugés comme des militaires et où les droits de la défense sont régulièrement bafoués ». Le président Tshisekedi avait lui-même qualifié la justice congolaise de « malade ». Des états généraux se sont tenus en novembre à Kinshasa avec pour objectif de la « purger de ses fléaux », toujours selon le chef de l’Etat congolais. Le règlement de l’affaire Wondo pourrait être un bon signal.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Il n’est pas un expert militaire belge. Il n’a jamais travaillé au sein des structures de la Défense belge.
Pour être complet : Jean-Jacques Wondo est diplômé de l’École Royale Militaire de Bruxelles et il est expert militaire de nationalité belge d’origine congolais spécialisé dans les questions relatives à la République Démocratique du Congo.
Je donne raison à monsieur Vanhees. Peut être qualifié d’expert celui qui détient des connaissances théoriques solides ainsi qu’une expérience soutenue dans la pratique du domaine d’expertise dont il se réclame. Je constate que monsieur Wondo ne répond pas à ces critères. Et malheureusement ces carences ne lui ont pas permis de saisir les codes, us et coutumes des organes sécuritaires, militaires et judiciaires congolais. Toute personne venant de la diaspora est vue comme venant prendre la place d’un local donc les peaux de bananes seront multiples et variées. Pour corser le tout, monsieur Wondo est considéré comme déserteur par l’entité militaire. C’est ce qui me fut expliqué par un de ses anciens compagnons. Le panier de crabes que constituent les services et l’armée lui auront causés tous ces désagréments. Heureusement que lors du dernier sommet à Davos, le Roi Philippe II a eu l’occasion d’intervenir et obtenir du Président Félix Tshisekedi, la relaxe de l’infortuné « EXPERT ». Puisse-t-il en tirer les enseignements qui s’imposent et réfléchir à son titre d’expert.