Des soldats congolais de la Minusca dénoncent les mauvaises conditions d’exercice de leur mission en Centrafrique. L’absence de prime et le manque criant de matériels pourraient remettre en cause l’efficacité de leur action, à la veille de leur déploiement à Bambari le 8 octobre.
Les ennuis continuent pour les FARDC de la Minusca (Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine). En mai dernier, nous avions relayé le désarroi des soldats congolais « oubliés » par Kinshasa, sans solde à Bangui – voir notre article. Aujourd’hui, malgré la promesse d’une prime mensuelle de 200$ des autorités congolaises, la situation n’a guère évolué sur le terrain. Selon nos informations, les FARDC n’ont toujours pas touché la fameuse la prime de Kinshasa et les conditions matérielles ne se sont pas améliorées. Une situation qui inquiète les officiers congolais alors qu’ils viennent d’intégrer la force de l’ONU (la Minusca) le 15 septembre dernier.
« Il y a urgence »
Contacté par téléphone, un officier congolais se dit très préoccupé par le manque de moyens de ses troupes. « Nous avons besoin d’une grande quantité de matériels pour remplir notre mission en Centrafrique, précise cet officier, nous attendons toujours des véhicules blindés, des jeeps, des 4×4, des ambulances, mais aussi du matériel de communication, de vision nocturne et des groupes électrogènes ». Selon ce militaire congolais, « il y a urgence ». « Nous n’avons pas de matériel au standard des Nations-unies et sans ces équipements, notre mission sera très réduite ». A Bangui, on assure pourtant que le commandant du bataillon de la RDC a bien envoyé plusieurs mails aux autorités congolaises, Ministère des affaires étrangères, Ministère de la Défense, bureau du Premier ministre… sans résultat. Le 15 septembre dernier, quatre généraux de l’armée congolaise se sont même rendus à Bangui. Interpellés sur le terrain sur les conditions précaires des soldats congolais, ces généraux n’ont pas pu apporter de réponse aux FARDC.
Casque bleu : une première pour la RDC
Depuis bientôt un mois, les Nations-unies ont pris le relai de la Misca en Centrafrique. Pour l’instant, les casques bleus ne sont pas plus nombreux sur le terrain : environ 7.600. A terme, la Minusca devrait déployer 12.000 sur place. On peut donc espérer que l’ONU prenne rapidement des mesures pour aider le contingent congolais, même si ce sont les Etats qui équipent leurs propres soldats. Mais attention : la RD Congo est également dans le collimateur des Nations-unies en Centrafrique. L’ONU pourrait être tentée de « faire le ménage » dans les troupes africaines. Selon le journal Le Monde, « 17 policiers de RDC impliqués dans de graves violations des droits de l’homme ont été sortis in extremis du dispositif ». En attendant, les soldats congolais doivent être déployés le 8 octobre prochain en dehors de la capitale, à Bambari, plus à l’Est. Mais pour notre officier congolais contacté à Bangui, « sans moyen, il sera difficile de faire face aux événements ». « Pour la première participation de la République démocratique du Congo à une mission de l’ONU, ce serait dommage de ne pas être à la hauteur » conclut l’officier congolais.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia