En pleine crise sécuritaire, le candidat à l’élection présidentielle souhaite ramener la paix au Cameroun en proposant un large gouvernement d’ouverture et en libérant les prisonniers séparatistes. L’homme d’affaires se dit prêt à travailler avec les anglophones et suggère également la tenue d’un référendum sur la question du fédéralisme.
Comment faire baisser la tension au Cameroun ? C’est la délicate équation que se propose de résoudre Jean-Blaise Gwet, candidat à la prochaine présidentielle de l’automne. Entre le terrorisme de Boko Haram qui sévit au nord, les violences des séparatistes anglophones et une crise sociale sans précédent, le spectre de la guerre civile plane à nouveau sur le Cameroun. A quatre mois d’une présidentielle pleine d’incertitude, l’entrepreneur Jean-Blaise Gwet a décidé de se lancer dans la course. Novice en politique, l’homme d’affaires de 61 ans est pourtant bien connu des Camerounais. Sa lampe solaire et ses produits électroménagers bon marché se retrouvent dans bons nombres de foyers camerounais.
Une crise humanitaire sans précédent
Pour relever le défi, Jean-Blaise Gwet compte s’appuyer sur la société civile et une plateforme de plusieurs partis pour faire connaître son projet politique. La première priorité pour le candidat sera de “ramener la paix et l’unité dans le pays”. Pour l’homme d’affaires, la situation sécuritaire est extrêmement préoccupante. “Boko Haram au nord et la crise anglophone font chaque jour des victimes” s’inquiète Jean-Blaise Gwet. Les violences générées par les combats entre séparatistes anglophones et forces gouvernementales ont provoqué une crise humanitaire sans précédent dans la région : 160.000 déplacés internes et 34.000 réfugiés au Nigéria. Ces huit derniers mois plus d’une cinquantaine de forces de sécurité camerounaises ont été tuées.
Apaiser les tensions
Pour le candidat à la présidentielle, “si rien n’est fait, il y a un risque de contagion pour les autres pays de la sous-région et un risque de guerre civile au Cameroun”. Jean-Blaise Gwet estime “qu’une meilleure répartition des richesses, davantage d’infrastructures, de travail et une lutte accrue contre le népotisme et la corruption” devraient permettre de faire revenir la paix au Cameroun. Mais en attendant, l’homme d’affaires propose une série de mesures pour faire baisser la tension et renouer le dialogue entre tous les Camerounais. Jean-Blaise Gwet veut tendre la main aux anglophones : “Je suis prêt à travailler avec eux, qu’ils se rapprochent de moi” martèle le candidat du Mouvement patriotique pour le changement du Cameroun (MPCC).
Un référendum sur le fédéralisme
Elu président, l’entrepreneur envisage un large gouvernement d’ouverture qui inclut les 20% de Camerounais anglophones de l’Ambazonie (nom de la région donnée par les séparatistes). “Nous devons poser les nouvelles bases du vivre ensemble et sauvegarder l’unité nationale”. En geste d’apaisement, le candidat prône la libération des séparatistes détenus en prison. Alors que plusieurs candidats proposent de faire basculer le Cameroun dans le fédéralisme, avec un, deux ou trois Etats, Jean-Blaise Gwet affirme “ne pas être fermé sur la question” et estime que “ce sont aux Camerounais de se prononcer”. Un référendum sur le sujet est préconisé par le candidat du MPCC.
“Pas de chasse aux sorcières”
Dans une présidentielle à un seul tour, le combat sera rude entre les différentes candidatures d’opposition (au moins cinq à ce jour). Le président Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, laisse encore planer le suspense sur sa participation. Selon Jean-Blaise Gwet, “il faut pardonner et tourner la page Paul Biya”, et promet de “ne pas se livrer à une chasse aux sorcières”. Les autres candidats déclarés sont qualifiés de “faux opposants” par le président du MPCC. Akere Muna (sans le nommer) est accusé par l’homme d’affaires d’avoir “fragilisé son propre camp, divisé les Camerounais et trahi le peuple”. Quant à Maurice Kamto du MRC, Jean-Blaise Gwet le qualifie (sans le nommer également) de “candidat d’un système… qui est en bout de course”.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia