Deux petites années auront eu raison de la coalition contre-nature formée par le président Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Les différends autour de la présidence de la Commission électorale, ou la nomination de juges de la Cour constitutionnelle, ont poussé Félix Tshisekedi a annoncé des consultations politiques pour « redéfinir sa majorité en attirant de nouveaux alliés » analyse Kris Berwouts, chercheur indépendant et auteur de Congo’s Violent Peace: Conflict and Struggle Since the Great African.

Afrikarabia : En plein bras de fer politique avec Joseph Kabila, Félix Tshisekedi a déploré « les divergences profondes » qui l’opposent à son partenaire dans son discours à la Nation du 23 octobre. Il a annoncé des consultations avec l’ensemble des acteurs politiques afin de refonder l’action gouvernementale. Certains s’attendaient à une rupture plus radicale avec le FCC pro-Kabila. Pourquoi tant de prudence ?
Kris Berwouts : Nous sommes dans un énième épisode d’une cohabitation difficile entre deux partenaires inégaux. Le président Tshisekedi, qui a entamé son mandat en position de faiblesse, a d’abord cherché à défendre le peu d’espace qu’il avait avec beaucoup d’intelligence et des qualités stratégiques qu’on ne lui soupçonnait pas. Au début de sa présidence, début 2020, on avait l’impression que Tshisekedi et Kabila avaient trouvé un modus vivendi et devaient gérer uniquement les divergences qui régnaient au sein de leurs propres camps. Mais ces derniers temps, on a vu Félix Tshisekedi vouloir se renforcer dans des domaines-clés comme la Commission électorale (CENI), la Cour constitutionnelle, la justice ou l’armée. Et Joseph Kabila sait que ce sont des institutions qu’il doit continuer de contrôler pour conserver le pouvoir. Dans cette situation de tension extrême, Félix Tshisekedi sait qu’il ne peut pas aller plus loin pour l’instant. Il ne peut pas forcer le destin ou annoncer une rupture brutale. C’est pourquoi il a décidé de contourner la difficulté en annonçant ces consultations politiques.
Afrikarabia : Quel est le but de ces consultations ?
Kris Berwouts : Chercher de nouveaux alliés, même si nous savons que Joseph Kabila possède la majorité au Parlement. La seule façon d’avancer pour Félix Tshisekedi, c’est de miser sur des personnalités du FCC qui pourraient être moins loyaux envers Kabila et qui pourraient venir le rejoindre dans une nouvelle coalition. L’objectif de Félix Tshisekedi est de redéfinir sa majorité en attirant de nouveaux alliés venant de Lamuka, mais surtout du FCC de Joseph Kabila. Cette recomposition est d’autant plus facile que les trois familles politiques qui se sont retrouvées dans la dernière ligne droite de la présidentielle de 2018, FCC, CACH et Lamuka, sont des plateformes très jeunes avec une base institutionnelle et militante très faible, et des liens pas très établis entre les différentes composantes politiques.
Afrikarabia : Le président peut-il inverser le rapport de force à l’Assemblée nationale, où Tshisekedi est ultra-minoritaire, en procédant à cette recomposition ?
Kris Berwouts : Pour cela, il doit attirer de nombreuses personnalités du camp Kabila. Actuellement, je vois une vraie nervosité au sein du FCC avec l’organisation d’une multitude de réunions en cascade. Certains membres du FCC en soupçonnent d’autres de vouloir rejoindre Tshisekedi. Néhémie Mwilanya Wilondja, le coordonnateur du FCC, ou Emmanuel Ramazani Shadary ont notamment exprimé leurs craintes à propos d’un membre du FCC venant du Kasaï. On voit également l’inquiétude suscitée par l’attitude de Modeste Bahati. Il ne faut pas oublier que la politique congolaise reste un système clientéliste assez raffiné. Chaque leader, y compris Tshisekedi, a une clientèle à servir, et même si Kabila à garder l’essentiel du pouvoir, il n’est plus en mesure de distribuer autant de fonctions ou de titres qu’avant. Lorsqu’on voit la trajectoire de Gabriel Kyungu, issu de la province d’origine de Joseph Kabila, on peut penser que d’autres pourraient suivre la même voie. On est dans un pays où l’on peut toujours s’attendre à l’inattendue.
Afrikarabia : Si Félix Tshisekedi ne parvient pas à inverser le rapport de force à l’Assemblée, peut-il néanmoins le rééquilibrer ?
Kris Berwouts : C’est la seule façon d’avancer pour lui alors que l’on se trouve déjà dans un climat pré-électoral dans la perspective de 2023. On voit que les Congolais attendent toujours la réalité des promesses de Félix Tshisekedi et que le FCC se comporte déjà comme si il allait gagner les prochaines élections. Cette situation explique la bataille pour le contrôle des deux institutions les plus importantes pour le prochain scrutin : la CENI et la Cour constitutionnelle.
Afrikarabia : Qu’en est-il de l’UNC de Vital Kamerhe au sein de la coalition CACH alors que son président a été condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics ?
Kris Berwouts : Cela pose en effet un problème si on réduit CACH à l’UDPS, qui est un parti important à Kinshasa et dans les Kasaï. Mais pour se réclamer un parti national avec une influence sur tout le territoire, le soutien de Vital Kamerhe à l’Est du pays reste très important. Le risque de perdre Vital Kamerhe, sa base et sa capacité de mobilisation pourrait réduire la portée de l’UDPS et créer un quasi problème de légitimité du parti au pouvoir.
Afrikarabia : Avec l’annonce des consultations politiques de Félix Tshisekedi, n’est-on pas en train de rentrer dans un cycle que l’on connait bien en RDC : celui des dialogues et des consultations à l’infini, qui n’ont jamais vraiment résolus les problèmes ?
Kris Berwouts : C’est une dynamique que l’on connaît depuis très longtemps en effet, et la population voit cela d’un très mauvais oeil. Il y a un risque que ces consultations ne soient qu’un énième partage du gâteau politique. Malgré l’arrivée au pouvoir contestée de Félix Tshisekedi, les Congolais et les partenaires internationaux avaient fini par accepter Félix Tshisekedi sur la base d’un changement profond. Mais le changement se fait attendre. Et un nouveau cycle de consultations, de concertations, n’est pas le signal de changement attendu par la population.
Afrikarabia : Le duel Tshisekedi-Kabila semble paralyser l’ensemble des institutions du pays. Ne va-t-on pas vers un blocage généralisé de ces institutions qui devient dangereux à l’approche des élections de 2023 ?
Kris Berwouts : En fait, nous sommes dans cette situation de blocage depuis longtemps. Cela change juste de forme. Si on se souvient de la nomination du Premier ministre après les élections de 2018, Félix Tshisekedi avait refusé cinq noms proposés par Joseph Kabila. On se souvient aussi de la lenteur pour composer le gouvernement. Une lenteur que l’on doit à l’obligation de diviser par deux les postes proposés au sein de la coalition. Mais concernant la CENI ou la Cour constitutionnelle, ce n’est pas un problème de répartition des postes. Ce sont des institutions clés pour les prochaines élections sans lesquelles le deal de 2018-2019 entre Kabila et Tshisekedi n’aurait jamais pu avoir lieu. Ces institutions, le camp Kabila en aura besoin pour gagner les prochaines élections. On s’achemine donc vers une confrontation plus forte. Et cela explique la volonté de Félix Tshisekedi, avec ces consultations, d’attirer des piliers du FCC dans sa nouvelle coalition, ou des personnalités comme Kyungu, qui a une base importante ou Bahati qui possède une réelle capacité de mobilisation. Sans oublier Lamuka, qui n’existait pas deux mois avant les élections de 2018.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia
J’ai vraiment apprécié cette analyse et j’aimerais que vous continuiez à nous informer sans partie prie des événements en Rdc.Merci encore Christophe Rigaud.
Tout le monde connait que c’est Mike Hammer L’ambassadeur des USA qui tire les ficelles derriere Felix pour des raisons evidentes cela est trop dangereux ca ne profite pas aux congolais et il ya un RISQUE de conflit qui va occassioner beaucoup des morts unitile
Certains détails mais importants sont incorrects. Kyungu n’est pas un membre du FCC… de meme que Bahati Lukwebo.
Certes ils sont importants mais Le poids politique du parti de Kyungu au niveau des institutions nationales et même provinciales est faible pour ne pas dire inexistant…
Bahati peut rebondir en 2023 mais actuellement il est politiquement diminué d’où son combat pour approcher le Président Félix.
Voyons ce que les consultations apporteront de nouveau dans cette basse classe politique.
J’espère que le Président Fatshi mettra fin à cette coalition contre-nature avec le FCC de l’imposteur « Joseph Kabila Kanambe Hyppolite ». Ces godillots du FCC ont vraiment rendu un mauvais service au pays. Ils ont pillé les richesses du pays, installé un régime de terreur et bafoué la justice et l’Etat de droit. Ruberwa, Colonel « Makanika. » Nkundabwatere, « Sultani Makenga » et » Joseph Kabila » demeurent l’incarnation et le symbole de l’impunité au RDC. Le constat est que le FCC s’évertue à saper les actions et initiatives du Président Fatshi. On m ‘apprend que les dirigeants du FCC souhaitent la victoire de Biden à l’élection présidentielle américaine, Faux calcul, car si,cela se réalise,,c’est plutôt Katumbi qui en sera le plus grand bénéficiaire, ceci lui remettra en selle. Quant à moi, je m’en réjouis d’avance car l’ancien Gouverneur du Katanga est un vrai patriote et un excellent leader. Par contre, les membres du FCC devront mettre la croix sur le retour hypothétique de l’imposteur » Joseph Kabila Kanambe » en 2023.
Je regrette la disparition de Sindika Dokolo, le fils du Grand Homme d’affaires papa Dokolo, à l’époque du ZaÏre sous Joseph Désiré Mobutu Sese Seko. Son papa Dokolo avait une bonne côte et a investi pour la DRCongo et sa population et il a beaucoup aidé.
Son fils Sindika Dokolo, avait la fibre de son père, a aidé sa patrie la RDCongo, quand bien même depuis l’étranger.
Paix à ces deux Patriotes, les DOKOLO qui ont tant aimé leur Patrie comme tant d’autres illustres disparus.
Dieu, accueille Sindika auprès de toi et permet lui de suivre et d’être acteur là-Haut sur tous les événements qui vont se dérouler sur le sol de la Nation congolaise portés par Fatshi, soutenu par la majorité de la population pour une nouvelle République Démocratique du Congo.
Je vous aime Sindika, j’ai beaucoup souffert et regretté ce matin en apprenant votre décès par un de mes Fils. Merci pour votre voix en faveur de la RDCongo et à votre papa aussi.
RIP
Fatshi, faites de cette nation, son Renouveau, qu’elle redevienne la Grande Nation, comme l’avait si bien porté le nom d’Antan Zaïre qui signifiait la Grandeur, la Dignité, la Force…: la grande rivière qui prend toutes autres rivières petites et moyennes.
Vous êtes dans le bon. Je n’ai pas suivi votre par manque d’électricité à Limete. Mais un proche m’a dit qu’il a retenu une chose: ‘vous ne trahirez jamais la RDcongo, phrase chère à Laurent Désiré et vous ne vendrez pas le Congo. C’est un combat cher à la Diaspora congolaise, c’est ce que nous aimions entendre. Je suis satisfaite pour ce combat que mène la Diaspora congolaise et je peux dormir tranquille car le moment est arrivé. Merci Fatsthi
La mort inopinée de Sindika Dokolo a profondementt attristé ma famille et les membres de la diaspora Nord-Américaine. Quelle grosse perte, un homme si intègre, cultivé, polyglotte, généreux. un vrai patriote qui nous laisse brusquement. Il est mort si jeune. My deepest condoleances to his close and extended family/friends, May God bless his soul