Donat Kwenga Omari, un ancien major déserteur de l’armée congolaise, devra répondre des crimes généralisés de son groupe armé à l’encontre de plus de 350 victimes. Son procès se tiendra à partir du 25 octobre au tribunal militaire de Bukavu et devra établir ses responsabilités dans les exactions commises par sa coalition de groupes armés Raia Mutomboki.
Viol, esclavage sexuel, meurtre, torture, privation de liberté, pillage et destruction… Ce sont les crimes dont devra répondre Donat Kwenga Omari, qui a été à la tête d’une alliance de milices locales Raia Mutomboki dénommée « Forces Populaires de Paix ». Le parcours de cet ex-major de l’armée régulière ressemble à celui de nombreux militaires qui ont déserté pour créer leur propre groupe armé. Donat Kwenga Omari a créé le sien en 2012 dans la province du Sud-Kivu, dans les territoires de Shabunda et Kalehe. L’ancien militaire était-il le leader de cette coalition de milices d’autodéfense qui avait vu le jour dès 2011 ? A l’époque, il s’agissait de lutter contre les attaques meurtrières des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), un groupe armé d’origine rwandaise piloté par d’anciens génocidaires. Avec le temps, les Raia Mutomboki ont fini par combler le vide sécuritaire laissé par une armée régulière défaillante et corrompue. Un contrôle de la zone avec son lot d’exactions contre la population civile.
La tête pensante du groupe
De hauts responsables de la coalition ont déjà été jugés et condamnés par la justice congolaise depuis 2019. Le tristement célèbre chef de guerre Kokodikoko a été condamné à perpétuité pour meurtres, disparitions forcées, torture, violences sexuelles et esclavage infligés sur les populations civiles de plusieurs villages du Sud Kivu. Bwaale Hamakombo a écopé de 20 ans de prison pour des chefs d’inculpation quasi-similaires. Mais le procès de Donat Kwenga Omari sera particulièrement scruté. « Donat était la tête pensante de la coalition d’un certain nombre de milices Raia Mutomboki actives dans la province », explique Daniele Perissi, responsable du programme RDC de Trial International, qui espère que ce procès « permettra d’établir la vérité sur le rôle qu’il a joué dans la commission de crimes généralisés à l’encontre de plus de 350 victimes, incluant de nombreux mineurs ». Trial International a soutenu les ONG congolaises pour accompagner les victimes et coordonner le travail des avocats tout au long de la procédure judiciaire. Avec un objectif affiché : montrer que l’impunité n’est pas une fatalité.
Christophe Rigaud – Afrikarabia