La Commission électorale congolaise (Ceni) vient de fixer les dates des prochaines élections locales pour 2015. L’opposition rejette ce calendrier et s’interroge sur la fiabilité et la faisabilité du scrutin.
Le cycle électoral 2014-2016 vient de prendre un an de retard. Comme nous l’annoncions sur Afrikarabia dès janvier 2014 (voir notre article) la Commission électorale (Ceni) a repoussé les élections urbaines, municipales et locales en 2015. Dans son nouveau calendrier électoral, dévoilé lundi 26 mai, les élections débuteront le 14 juin 2015 pour élire les conseillers des communes, des secteurs et des chefferies ; le 29 août, les conseillers urbains, les bourgmestres et les chefs de secteurs, pour terminer le 15 octobre par les maires et leurs adjoints (Consulter le calendrier complet de la Ceni). Le calendrier a pris du retard, mais le président de la Ceni, l’abbé Apollinaire Malu-Malu l’assure : « il sera respecté« .
Des finances incertaines
Pourtant, plusieurs doutes subsistent sur la bonne tenue du scrutin, sa fiabilité et sa transparence. Première incertitude : le financement des élections. L’abbé Malu-Malu garantit qu' »il n’y aura pas de problème« . « La loi des finances de 2014 a déjà prévu un budget de 166 millions de dollars« , affirme-t-il. Mais le budget global serait estimé à 300 millions, selon le propre rapport de la Ceni. La Commission électorale prévoit donc de demander l’aide de la communauté internationale et des partenaires du processus électoral. Une aide bien incertaine au moment où les bailleurs de fonds de la RDC sont de plus en plus frileux à soutenir le président Joseph Kabila, accusé par l’opposition de vouloir modifier la Constitution pour pourvoir se représenter en 2016.
Un fichier électoral « frauduleux«
Derrière la publication de ce calendrier, l’opposition congolaise pointe également de nombreux dysfonctionnements. Le groupe « Sauvons le Congo » de Martin Fayulu, l’UDPS et l’UNC de Vital Kamerhe soupçonnent le président Kabila, que la Constitution interdit à se représenter une troisième fois, de vouloir prolonger son mandat au-delà de 2016. Selon ces opposants, « la Ceni a introduit subtilement le préalable du recensement administratif pour la tenue des élections de 2016, alors que tout le monde sait qu’il faut au moins trois ans pour organiser un recensement crédible dans notre pays« . L’opposition attend également l’audit du fichier électoral, qui pose question en RDC. Lors du dernier scrutin de 2011, la réélection de Joseph Kabila avait été fortement contestée par l’opposition. Les observateurs internationaux avaient jugé les résultats de la présidentielle et des législatives « non-crédibles« . Au coeur du litige : des soupçons de fraude massive, mais ainsi de nombreuses « anomalies » dans le fichier des électeurs congolais. Pour le moment rien n’a été fait. La Démocratie Chrétienne (DC), un autre parti d’opposition, s’étonne que la Ceni prévoit le recensement des électeurs seulement « après les élections locales » et continue de se baser sur le fichier « frauduleux et non actualisé » de 2011.
9 mois pour fiabiliser les élections
Dans un article publié par le journal « Le Phare« , Thierry Nlandu, professeur à la Faculté des Lettres de l’Université de Kinshasa dresse une interminable liste de ses interrogations sur la fiabilité des scrutins à venir. Il pose innocent les questions suivantes : « comment en 9 mois : s’assurer de la la disponibilité des moyens financiers suffisants, de la finalisation du processus de la décentralisation, de la cartographie claire et précise des entités territoriales notamment en résolvant le problème de quelques 811 « groupements » (où il y a des litiges, ndlr), du recensement administratif de la population, du recrutement, de la formation et du déploiement des magistrats et auxiliaires de la justice électorale sur l’ensemble de la République…« . Lorsque l’on connaît le manque d’infrastructures, de moyens de communication et de moyens financiers au Congo, nombreux sont les observateurs qui doutent de la crédibilité des prochaines élections locales en RDC.
Apparition du mode de scrutin indirect
Un autre point est soulevé par Thierry Nlandu : l’introduction du scrutin indirect pour les élections locales. Pour ce professeur de Kinshasa, « on peut déjà anticiper la suite : des conseillers communaux qui élisent des bourgmestres, les mêmes conseillers élisent des députés provinciaux, ceux-ci élisent à leurs tours des sénateurs et des gouverneurs. Qui ne voit pas venir la grande manœuvre pour 2016 ? Les sénateurs ne finiront-ils pas par élire le président de la République après une énième révision de la Constitution ?« . L’apparition du scrutin indirect au niveau local constitue également une vive inquiétude pour l’opposition qui pense que le président Kabila « lance des pistes pour s’accrocher au pouvoir« .
Un Sénat illégitime depuis 2011
Dernière interrogation sur ce nouveau calendrier électoral : pourquoi ne pas avoir organisé les élections provinciales et sénatoriales avant les élections locales ? La classe politique est divisée sur le sujet. Pour beaucoup, il aurait été plus logique et cohérent de commencer par les provinciales. Les provinciales auraient permis de renouveler rapidement un Sénat illégitime depuis 2011. La Démocratie Chrétienne (DC) prônait sur cette question un « couplage » des deux élections, locales et provinciales. L’association des deux scrutins permettrait, selon la DC, de « réduire les coûts du processus électoral et surtout de respecter le délai constitutionnel en ce qui concerne la durée du mandat des animateurs des institutions« . A cette question, le président de la Ceni répond sur Radio Okapi que ‘’les sénateurs, les gouverneurs de provinces et les députés provinciaux ont été élus. Par contre au niveau de la territoriale, les bourgmestres, les chefs des secteurs n’ont jamais été élus« .
Un calendrier sans consensus politique
Dans le camp présidentiel, on se pose moins de questions et on se félicite de l’organisation des élections locales dès 2015. Pour la première fois depuis 2006, souligne la majorité, des élections vont être organisées « à la base« , sur le plus petit échelon territorial, au plus près des Congolais . Des élections « qui vont faire vivre la démocratie par le bas« , selon Pierre Lumbi, membre de la majorité présidentielle, dans une interview au journal « La Prospérité« . Des déclarations qui sont pourtant loin de rassurer la classe politique congolaise, très partagée par les « lacunes et les incohérences » du calendrier électoral de 2015. Pour l’opposant Vital Kamerhe, qui s’exprimait sur RFI jeudi 29 mai, « la Ceni est passée en force, il faudrait trouver un compromis entre l’opposition et le pouvoir« . Un consensus que la Commission électorale n’a jamais réellement cherché.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Vraiment ce que je ne comprend pas,pourquoi MALUMALU veut nous transporter dans un KIMALUMALU aussi rapidement sans laisser les autres préparer leurs bagages? ou est la presse congolaise ?et toute la CENI est a sa cause?et qui défend la cause du peuple.la capitale ne se lève pas ni les régions .,ni les étudiants ni les élèves .Ça est catastrophe pour le pays.L’opposition qui est dans la CENI,Pourquoi azo démissionner te?BALINGI NINI?