Alors que les négociations politiques sont suspendues jusqu’à jeudi à Kinshasa, les armes ont de nouveaux parlé au Nord-Kivu, rappelant que l’Est du pays n’est toujours pas stabilisé.
A l’heure où les négociations pour régler la crise politique congolaise battent de l’aile à Kinshasa en attendant la reprise des discussions jeudi 30 décembre, l’horrible massacre de Noël de ce week-end rappelle l’instabilité rampante qui règne toujours dans l’Est de la RDC. Au moins 22 personnes ont été tuées à l’arme blanche samedi 24 et dimanche 25 décembre dans la région d’Eringeti au Nord-Kivu. Les attaques imputées à la rébellion ougandaise des ADF ensanglantes le territoire de Beni depuis fin 2014. Des massacres à répétition qui ont fait plus de 700 morts que, ni l’armée régulière congolaise, ni les casques bleus des Nations unies, n’arrivent à juguler. Et pour cause. Car si les autorités congolaises accusent régulièrement les ADF d’être les auteurs des tueries, de nombreuses enquêtes indépendantes pointent également des responsabilités au sein des forces armées congolaises (FARDC) et d’autres groupes armés. Certains officiers de l’armée régulière entretiendraient des complicités avec les groupes armés – voir notre article.
L’engrenage de la violence
Ces massacres sans fin dans les Kivu s’avèrent particulièrement emblématiques de l’instabilité récurrente qui perdure dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la fin du génocide rwandais de 1994. 20 ans après, environ 70 groupes armés pullulent encore dans la région, empêchant toujours 1,6 millions de réfugiés de rentrer chez eux. Une insécurité permanente et des massacres sans fin qui devraient rappeler aux politiciens de tous bords qui négocient une difficile transition politique à Kinshasa que le pays est toujours au bord du précipice et prêt à retomber dans l’engrenage de la violence.
40 morts, 460 arrestations
Car à Kinshasa, la tension est toujours de mise depuis l’expiration de la fin du mandat du président Joseph Kabila, le 19 décembre dernier. Hors mandat, l’actuel chef de l’Etat a négocié son maintien au pouvoir jusqu’à la tenue de prochaines élections, reportées en 2018. Une prolongation de son mandat que conteste l’opposition qui l’accuse d’avoir volontairement organisé le blocage du processus électoral pour s’accrocher à son fauteuil au-delà du délai constitutionnel. Le bilan de la a contestation populaire des 19 et 20 décembre est lourd : 40 morts, 107 blessés et au moins 460 arrestations d’opposants.
Le poste de Premier ministre dans la balance
Une médiation de la dernière chance menée par la très influente Eglise catholique congolaise a réuni majorité présidentielle et opposition autour de la table, balayant ainsi un précédent accord politique signé le 18 octobre dernier avec une frange minoritaire de l’opposition. Suspendues après 48 heures d’intenses négociations samedi matin, les discussions devraient reprendre jeudi 30 décembre. Si des compromis ont été trouvés sur plusieurs points, les blocages sont encore de tailles. Notamment au sujet de la personnalité de l’actuel Premier ministre issu des accords d’octobre que souhaite remettre en cause le Rassemblement de l’opposition qui boycottait le premier dialogue. Présent au second round de la médiation des évêques congolais, le Rassemblement revendique le poste pour pouvoir y placer l’un des siens (Félix Tshisekedi sans doute) – voir notre article.
Kabila privé de ses pouvoirs ?
Le projet d’accord qui pourrait être signé vendredi 31 décembre selon les évêques prévoit une présidentielle pour fin 2017 et non plus pour avril 2018, comme cela était prévu par l’accord d’octobre. Autre avancée obtenue par l’opposition : la promesse que Joseph Kabila ne cherche pas briguer de nouveau mandat, ni à modifier la Constitution dans ce sens. Le poste de président du Comité national de transition devrait également revenir au Rassemblement, avec à sa tête Etienne Tshisekedi. En échange, l’opposition autorise Joseph Kabila à rester à son poste jusqu’à la fin de la transition et à l’organisation des élections. Avec quels pouvoirs ? Sur ce point, les deux parties ne sont pas d’accord, les partisans d’Etienne Tshisekedi voulant que le président Kabila soit privé de la majorité de ses pouvoirs.
« Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre »
Si les évêques paraissaient optimistes ce week-end sur les chances d’un accord avant la fin de l’année, la route semble encore bien longue vers le consensus. Surtout qu’à ce stade des négociations, l’essentiel des blocages tournent autour de questions de personnes : quelle place pour Samy Badibanga, l’actuel Premier ministre que récuse la majorité de l’opposition ? Quelle place pour Etienne Tshisekedi, l’opposant historique que Joseph Kabila ne souhaite pas avoir la haute main sur la transition ? Quelle place enfin pour l’opposant en exil Moïse Katumbi dont l’opposition exige l’arrêt des poursuites judiciaires pour qu’il puisse rentrer au pays ? Tous ces points seront dans la balance à la reprise de la médiation jeudi. Mais alors que les armes ont de nouveau parlé à Noël dans l’Est de la RDC, le très respecté cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa a prévenu : « Il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes en tuant son peuple, ces jeunes qui ne réclament que leurs droits de vivre un peu plus dignement. » Et d’avertir : « Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre de la justice. Celui dont les droits sont bafoués se sent protégé par la même Constitution. » Un message à peine voilé aux négociateurs qui reprendront langue ce jeudi.
Christophe RIGAUD
Qui vivra verra et qui sera saura
Je souhaite la recolonisation de ce pays par la Belgique , c’est vrai l’homme congolais n’est pas encore entre dans l’histoire .Donald Trump au secours!!!!!!