Depuis 17 mois, la région de Beni vit au rythme de massacres sans fin dans l’indifférence générale. L’armée congolaise et les casques bleus de la Monusco brillent par leur impuissance. Jusqu’à quand ?
Alors que l’actualité congolaise est vampirisée par la guerre des nerfs entre le président Joseph Kabila et son rival du moment, Moïse Katumbi, les regards se sont détournés des nouveaux massacres commis dans la région de Beni cette semaine. Deux tueries ont encore ensanglanté la région dans les nuits de mardi à mercredi et jeudi et vendredi. Ce sont d’abord 17 civils qui ont été tués dans un hameau d’Eringeti au Nord-Kivu lors d’une attaque attribuée aux rebelles ougandais des ADF. « L’ennemi a contourné les positions de l’armée pour tuer et égorger de paisibles gens dans leurs maisons » a expliqué à l’AFP un administrateur du territoire de Beni. Dans la nuit de jeudi à vendredi, quatre personnes ont été massacrées à Biane, à la frontière de l’Ituri, toujours au Nord-Kivu. D’après le témoignage de la société civile, « les corps des victimes ont été retrouvés vendredi soir, tous découpés à la manchette. » Une dizaine d’assaillants, munis d’armes blanches, de fusils et habillés en tenues militaires, ont été aperçus par la population dans la brousse non loin de la zone du massacre. Pour le commandant de l’armée congolaise (FARDC) en Ituri, « le passage des ADF a été confirmé dans la zone » rapporte l’agence Xinhua.
17 mois de massacres
Depuis octobre 2014, la région de Beni, au Nord-Kivu, est victime de massacres à répétition. Selon les sources, entre 500 et 1.000 civils ont été tués, le plus souvent à l’arme blanche. Une série de massacres sans fin que les autorités congolaises attribuent régulièrement aux Allied Democratic Forces (ADF), une rébellion ougandaise installée depuis plus de 20 ans dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Mais ce qui révolte le plus la population, c’est l’impuissance de l’armée congolaise et des casques bleus des Nations unies. Alors que pays s’enfonce dans une grave crise politique, alimentée par le psychodrame entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi – voir notre article, la situation à Beni ne semble plus guère émouvoir personne. « Kabila envoie des chars à Lubumbashi pour bâillonner son rival Katumbi, alors que l’armée serait bien plus utile ici, à Beni » peut-on entendre dans la région martyre. L’opposant Jospeh Olengankoy (Fonus) demande au président Kabila « une enquête sur le massacre de Beni, au lieu de se concentrer sur l’affaire des mercenaires de Katumbi ».
Armée et casques bleus impuissants
Pourtant en mars, un rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) apportait un nouvel éclairage sur les tueries de Beni, espérant pouvoir faire évoluer la situation sur le terrain. Selon l’enquête, les responsabilités des massacres ne s’arrêteraient au cercle des simples ADF. Des officiers FARDC l’armée régulière, et des anciens rebelles du RCD-KML seraient également impliqués… ce qui expliquerait « l’impuissance » des autorités congolaises – voir notre article. On pouvait espérer que les responsables politiques prendraient alors la mesure des ambiguïtés de l’armée congolaise et réagiraient rapidement. Hélas, rien n’a été fait. Idem pour la Monusco. La mission de l’ONU au Congo est bien présente sur la zone, mais elle ne se limite le plus souvent que par une protection « statique », depuis des bases dont les troupes ne sortent que pour des patrouilles « limitées ». Les pays contributeurs à la mission des casques donnent des consignes pour que ses troupes ne s’engagent pas dans « des opérations risquées. »
Le président et la Monusco y jouent leur crédibilité
Quand les massacres de Beni s’arrêteront-ils ? Ce dimanche 8 mai, le gouverneur du Nord-Kivu a entamé une énième visite aux victimes à Eringeti. Le président Joseph Kabila a même fait le déplacement deux fois dans la région de Beni, promettant une « réorganisation » de l’armée congolaise pour être plus efficace. Peine perdue. La complexité de la structure des groupes armés, leurs accointances avec certains officiers de l’armée régulière et leurs ralliements avec d’autres groupes en fonction des circonstances, feront de cette région une poudrière inextricable tant que l’autorité de l’Etat ne sera pas rétablie. La Monusco, qui va fêter ses 17 ans de présence au Congo et le président congolais, qui tente de s’accrocher à la son fauteuil alors que son mandat touche à sa fin en décembre 2016, auraient pourtant tout intérêt à régler une bonne fois pour toute l’insécurité qui règne au Nord-Kivu. Pour leur crédibilité… mais surtout pour les populations locales qui vivent sous l’emprise des groupes armés.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Mr Rigaud,lors des enquetes criminelles,une question reviens toujours, »à qui profite le crime? ».À l’époque du Zaïre,nous congolais ou Zaïrois,n’avaient jamais connu ce genre de chose , depuis l’arrivée de L’Afdl ,les crimes se perpétuent,sans que l’histirion qui s’accroche à son siège à Kinshasa ne bronche ,les infiltrations Rwandaises s’intensifie et les jours les Congolais se réveilleront ,pour enfin , venger tout ces morts,la communauté internationale va aussi se réveiller pour défendre les criminels,qui ne cache pas leurs ambitions d’occuper les Kivus.Kanambe alias Kabila s’en fout royalement.Lui et son alter égo Katumbi dont l’épouse est Rwandaise .se moquent des Congolais grâce au richesses du Congo.Rdv à la date du fin mandat.
Vive le Congo
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