Le Comité laïc de coordination (CLC) a annoncé l’organisation d’une troisième marche, dimanche 25 février, pour demander le respect des accords de la Saint-Sylvestre et exiger une promesse du président Joseph Kabila de ne pas se représenter aux élections.
Le bras de fer continue entre l’Eglise catholique et le pouvoir à Kinshasa. Dans un hommage aux victimes de la répression de la marche pacifique du 21 janvier, l’abbé François Luyeye avait prévenu : « La marche des chrétiens ne s’arrêtera pas. Les initiatives du Comité laïc de coordination sont à applaudir, et nous en attendons d’autres ». Message reçu cinq sur cinq par le fameux Comité, proche de l’Eglise catholique : une troisième marche sera organisée dimanche 25 février à l’issu de l’office, dans toutes les paroisses du Congo.
Le Comité de coordination appelle les Congolais à « se lever » pour « dire non à la dictature ». Ces opposants au président Joseph Kabila, « ne croit plus en la volonté politique des dirigeants actuels d’assurer une alternance pacifique du pouvoir ». Le Comité demande donc une nouvelle fois l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre, ainsi qu’une déclaration publique du président Kabila qu’il ne se représentera pas à la présidentielle prévue le 23 décembre 2018. Car si la Constitution interdit à l’actuel chef de l’Etat de se représenter, l’opposition l’accuse d’avoir retarder volontairement le scrutin et de manoeuvrer maintenant en coulisse pour se maintenir au pouvoir.
La Majorité tente de rassurer mais ne convainc pas
Après les deux marches pacifiques du 31 décembre et du 21 janvier, le pouvoir a pourtant chercher à déminer les accusations de l’opposition, en assurant que le président Kabila respecterait la Constitution, et donc, ne se représenterait pas. Mais les déclarations de Joseph Kabila, du porte-parole du gouvernement ou d’André-Alain Atundu de la Majorité présidentielle sur Afrikarabia, entretiennent l’incertitude et ne rassurent personne. Car après avoir gagner du temps, et reporté par deux fois le scrutin, Joseph Kabila semble bien décider à organiser des élections… mais en étant sûr de faire gagner son camp. Les doutes qui planent sur la fiabilité du fichier électoral, l’arrivée impromptue de machines à voter, ou la volonté de certains petits partis de la majorité de provoquer un référendum, valident l’idée que Joseph Kabila ne lâchera pas le pouvoir… avec ou sans lui dans le fauteuil de président. La nouvelle marche du 25 février a donc pour objectif de maintenir la pression sur le chef de l’Etat.
Fuite en avant
Une chose est sûre est pourtant : la répression sera de nouveau au rendez-vous dimanche prochain dans les rues des grandes villes congolaises. Le pouvoir semble ne vouloir laisser aucun espace à la contestation dans la rue. Au total, une quinzaine de personnes ont été tuées dans la répression des marches du 31 décembre et du 21 janvier, d’après les Nations unies et l’Eglise catholique. Mais la violence de la répression policière ne semble plus faire peur aux Congolais qui ont répondu massivement aux appels du Comité de coordination, preuve de la profonde colère qui s’installe dans la population, fatiguée des atermoiements de Joseph Kabila à jouer le jeu de l’alternance démocratique. Les Congolais s’attendent donc à des nouvelles violences dimanche prochain, ainsi qu’à de nouvelles coupures du réseau internet mobile, comme, c’est désormais la coutume avant chaque manifestation. Une bien mauvaise habitude qui laisse penser que le régime de Kinshasa s’enferme dans le cycle d’une répression sans fin. Une fuite en avant… qui ne peut que mal finir.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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