Alors que les Kasaï s’enfoncent toujours dans la violence, l’évasion de plusieurs milliers de détenus de différentes prisons congolaises plonge désormais le pays dans une anarchie savamment orchestrée qui ne peut déboucher que sur un report des élections de 2017.
Le pouvoir de Kinshasa cherche-t-il a créer volontairement le désordre pour retarder une nouvelle fois l’élection présidentielle de décembre 2017 ? Au regard de la chronologie des événements dramatiques de ces derniers mois, nous sommes en droit de nous poser la question. Le dernier événement en date est tout simplement hallucinant. Mercredi 17 mai, une explosion se fait entendre au petit matin à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Plus de 4.000 prisonniers en profitent pour se faire la belle, alors que l’on se demande se que peuvent bien faire la centaine de policiers en charge de la sécurité de la plus importante prison du pays. Comme à l’accoutumé, les autorités congolaises ont tenté de minimiser l’affaire, faute de pouvoir nier l’évidence. Le ministre de la Justice ne parle que d’une cinquantaine d’évasions, alors qu’au même moment la police nationale congolaise annonçait déjà plus de 200 arrestations. Selon Kinshasa, cette évasion de masse serait à mettre sur le compte des adeptes du Bundu dia Kongo de Ne Muanda Nsemi, le leader de ce mouvement politico-religieux de la province du Kongo central.
« Kabila encadre l’insécurité »
Deux jours plus tard, c’est justement dans cette même province, à Kasangulu, qu’environ 70 détenus ont fossé compagnie à leurs geôliers. Et comme à Kinshasa, les forces de l’ordre sont restés sans réaction. La série noire ne s’arrête pas là, puisqu’à Kalemie, dans la province du Tanganyika, 14 personnes se sont évadés vendredi d’un poste de police selon la radio onusienne Okapi. Pour l’opposant en exil Moïse Katumbi, il ne fait aucun doute que « le président Kabila est en train d’encadrer l’insécurité (…) pour qu’on n’organise pas les élections » a expliqué l’ancien gouverneur du Katanga sur la Deutch Welle en fin de semaine. « Vous allez voir qu’ils vont encore créer une rébellion au Bas-Congo (nouvellement Kongo central, ndlr). On connaît leur tactique » accuse Katumbi qui a longtemps été un allié de Joseph Kabila avant de passer dans l’opposition. Avec Ne Muanda Nsemi dehors, le pouvoir peut en effet compter sur une nouvelle instabilité du Kongo central (ex-Bas-Congo).
Crise humanitaire sans précédent dans les Kasaï
Ces évasions à répétition sont à rapprocher de l’insécurité persistante qui sévit dans les Kasaï depuis l’été 2016. Avec la mort du chef traditionnel Kamuina Nsapu, la province s’est enfoncée dans la violence, opposant les membres de cette milice locale aux forces de sécurité. La spirale de la violence et son cortège de malheurs touchent désormais les 4 provinces du centre du pays, engendrant une crise humanitaire sans précédent dans cette région. Après 9 mois de conflit, on dénombre environ 500 morts, 1 million de déplacés et plus de 20.000 réfugiés en Angola voisine. Une situation humanitaire qui fait dire à la Commission électorale (CENI) qu’elle n’est pas en mesure d’enrôler les électeurs des Kasaï, fief de l’opposition congolaise. Comme il paraît peu probable d’organiser le scrutin sans ces provinces, on s’achemine vers un nouveau report de la présidentielle, qui n’avait déjà pas pu se tenir en décembre 2016. Dans le communiqué du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement de Bruno Tshibala, le président Kabila affirme que la mission première de l’exécutif est de ramener « la paix et la sécurité sans lesquelles il serait vain d’espérer voir de bonnes élections se tenir ». Une allusion qui laisse peu de doute sur la volonté du chef de l’Etat de reporter le scrutin de décembre et de jouer de nouveau les prolongations.
La milice de Gédéon pour « la sale besogne »
On sait qu’il existe des liens entre les groupes armés qui sévissent aux quatre coins du pays et certains caciques du pouvoir. Au Kasaï, alors que les autorités accusent les milices Kamuina Nsapu d’exactions, des miliciens Bakata Katanga de Gédéon Kyungu sont signalés dans la région (pourtant très éloignée de leur fief katangais). Ironie du sort, le chef de guerre Gédéon Kyungu, qui s’était évadé de prison, a opportunément rendu les armes en octobre 2016. Avec force publicité, Kinshasa avait salué sa reddition. Au Katanga, les observateurs étaient nombreux à essayer de trouver un sens à ce retour dans le rang du chef de milice. « Au moment où tout le monde attendait que Gédéon Kyungu soit arrêté, mis en prison et jugé pour les crimes graves commis après son évasion, il est accueilli avec honneur et il est placé sous la protection des institutions publiques » accusait l’association congolaise de défense des droits de l’homme ASADHO. Certains soupçonnent Kinshasa de vouloir se servir de Gédéon et de ses hommes pour faire « la sale besogne. »
Clément Kanku, proche des Kamuina Nsapu ?
Les liens entre pouvoirs et milices locales ont largement été documentés dans les Kivu par de nombreux rapports des Nations unies. Mais concernant la nouvelle zone de tension des Kasaï, l’ONU commençait seulement à enquêter sur les violences entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité. Deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalàn ont été assassinés en mars dernier – voir notre article. Kinshasa a accusé la milice Kamuina Nsapu d’être à l’origine du double meurtre, mais très vite, des doutes sont apparus après la diffusion d’une vidéo de l’assassinat – voir notre article. Ce week-end, le New York Times révèle qu’un ex-ministre congolais, Clément Kanku, serait impliqué dans les massacres au Kasaï et que Zaida Catalàn possédait un enregistrement audio qui démontrait les liens entre Kanku et les miliciens Kamuina Nsapu. Le journal américain affirme que la nomination de Clément Kanku au gouvernement avait pour objectif de mettre fin à l’insurrection. Dans les enregistrements qu’a pu se procurer le New York Times, Clément Kanku donne notamment l’ordre de brûler un village (Tshimbulu) et d’assassiner un colonel et ses gardes du corps. Toujours selon le journal, Clément Kanku savait que Zaida Catalàn possédait ces enregistrements. Ils devaient en discuter ensemble après le voyage en brousse de Zaida Catalàn… Voyage dont elle n’est jamais revenue. Dernière question : Joseph Kabila avait-il nommé Kanku pour stopper l’insurrection ou instrumentaliser et manipuler les Kamuina Nsapu ? Force est de constater que Kanku a échoué. Mais en jouant ainsi avec le feu, le pouvoir réussit au moins le principal : cultiver le chaos pour empêcher la tenue des élections et espérer pouvoir organiser un référendum pour présenter un nouvelle candidature de Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
On donnera raison aux sceptiques. Le référendum serait-il plus facile à organiser que les élections ? Pourtant se sont les mêmes électeurs.
DANGER ET si les hiboux revenaient ?
Inquiétante déclaration du ministre de l’intérieur congolais le mobutiste Alexis Tambwe Mwamba devant le parlement
« A la veille de l’évasion , il y avait 8210 prisonniers à Makala. Les gens qui sont dehors sont trop dangereux , Nous reconnaissons le haut degré de dangerosité de certains des évadés. Cette déclaration très étonnante sonne comme un avertissement, comme si l’on ne devait pas s’étonner dans les jours à venir des conséquences de ses évasions sur la population. Car le mot Danger a tout son sens dans les propos de ce ministre issu de l’une des dictatures la plus sanglante que l’Afrique a connu . On se souviendra que dans les années 1990 justement pendant la période de transition dans les mêmes configurations que la période actuelle ; du climat d’insécurité orchestré par les durs du régime Mobutu et des éléments incontrôlés des forces armées zaïroises pour fragiliser USORAL l’union sacré de l’opposition radical après avoir défenestré ce mouvement en nommant systématiquement différents premier ministres issus de ce camps. Sous l’instigation directe de la présidence, un fameux commando appelé hibou fut mise en place pour terroriser les opposants, les organes de presses, des militants et des personnalités de la société civile ; au programme enlèvements, tortures assassinats, attentats etc.
Dans un contexte politique particulièrement tendu (blocage des travaux de la Conférence Nationale Souveraine, fusillades des chrétiens au cours d’une marche pacifique, séquestrations des membres du Haut Conseil de la République au sein du Parlement, etc.). Ceci présage une situation similaire ? Autre époque autre mœurs dira-t-on ? Oui sauf qu’il suffit d’un tel élément déclencheur pour voir monter la résurgence du banditisme organisé en forme du phénomène hiboux modernisé . Dès lors il y a lieu de s’interroger si toutes ses évasions ne constituaient pas le prétexte qui justifierait la vague des violences que le Congo s’apprête à vivre ? Violence qui serait imputée aux individus dangereux dont parle Tambwe Mwamba avec pour toile de fond des assassinats des personnalités de l’opposition et certaines de la majorité pourquoi pas ? Pour brouiller les pistes. Situation qui justifierait un état d’exception avec la militarisation en outrance de la ville de Kinshasa sous prétexte de l’insécurité ?
Je m’interroge
J.KABILA Doit etre arreter le plus vite possible, avant qu’il soit trops. Kabila n’a plus rien a perdre, c’est un Kamikaze.
Mobilisons ns et soyons unis stopper d’attaquer aux autres qui militons pr une même cause ici j’ai fait allusions à ngwanda et companies encore une fois soyons unis et chassons ce système et ses acolites.
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