Le 8 avril prochain les Djiboutiens doivent élire leur président. Une élection sans suspense qui doit permettre à Ismaïl Omar Guelleh de briguer un quatrième mandat, alors que le pays s’enfonce dans la répression.
A trois semaines du scrutin présidentielle, la réélection d’Ismaïl Omar Guelleh ressemble à une simple formalité. Mais si cinq candidats feront face au président sortant, le scrutin « est joué d’avance » pour Zakaria Abdillahi, député de l’opposition USN (Union pour le Salut national) et président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). « Cette élection à huis clos a été taillée sur mesure par le président Guelleh pour valider sa réélection, dénonce cet avocat djiboutien. Ces élections ne seront pas transparentes. C’est une habitude du régime. En 2013 déjà, l’opposition avait remporté les législatives, mais à l’arrivée, les résultats ont été inversés par le pouvoir et notre victoire a été volée ». Le 8 avril prochain, lors de la présidentielle, Zakaria Abdillahi s’attend à un scrutin « complètement verrouillé » par le camp Guelleh. « Les autres candidats ne sont là que pour légitimer la réélection du président. La Commission électorale n’est toujours pas indépendante comme nous l’avions exigé dans l’accord-cadre de 2014 ». A l’époque, l’opposition avait obtenu la garantie d’une Commission électorale indépendante (CENI) « transparente et paritaire ». Mais deux ans plus tard, l’accord est resté au point mort. « Rien n’a changé. Le président de la CENI est désormais un haut fonctionnaire djiboutien, secrétaire général du ministère de la justice, soumis directement au ministère. De quelle indépendance parle-t-on ? Les autres candidatures ne servent qu’à valider la réélection programmée d’Ismaïl Omar Guelleh. Le président pourra se targuer de la participation d’autres candidats et dire “j’ai gagné“ ».
« Des arrestations politiques »
Ce que dénonce également cet avocat, c’est la chape de plomb qui s’est abattue sur le petit Etat djiboutien. Le pays s’enfonce dans la répression et les opposants sont désormais, soit en prison, soit en exil. « Djibouti est l’un des dernier pays d’Afrique où tout est interdit, dénonce Zakaria Abdillahi. Il n’y a pas de presse libre, pas d’associations libres et toutes les organisations autorisées sont « maisons » et proches du pouvoir. La LDDH est considérée comme une association clandestine. Certains partis ont été dissous ». En décembre 2015, la répression policière sur l’opposition djiboutienne a atteint un niveau de violence sans précédent. Une réunion de la plateforme d’opposition USN, tourne à l’affrontement avec la police. Bilan : au moins 27 morts et des dizaines d’arrestations – voir notre article. « Aucune information judiciaire n’a été ouverte pour déterminer les responsabilités après ce massacre, explique Zakaria Abdillahi. Depuis le mois de décembre, un ancien ministre, Hamoud Abdi Soultan et le secrétaire général de la coalition de l’opposition Abdourahman Mohamed Guelleh, dit « TX », sont toujours derrière les barreaux. Ils ont été interrogés et ont nié leur prétendue participation à un “mouvement armé“. Je suis moi-même leur avocat et aucune pièce n’a été présentée à un juge d’instruction. Aucune arme… même pas un couteau. J’ai fait à plusieurs reprises une demande de liberté provisoire et à chaque fois la Cour d’appel a rejeté notre demande. Ces incarcérations sont bien sûr politiques ».
« Ce régime prépare une explosion sociale »
Dans ce climat de tension extrême, le scrutin d’avril laisse peu de place au suspense. L’Union africaine (UA) doit dépêcher sur place une mission d’observation électorale pendant le vote. Une mission « sans aucune crédibilité » pour le président de la Ligue djiboutienne des droits humains. « Les observateurs de l’Union africaine qui vont se rendre à Djibouti viennent de pays bien peu démocratiques. Comme à chaque fois ils déclareront que le scrutin s’est déroulé correctement. Ces missions restent dans les salons bien feutrés du pouvoir, sans rencontrer la population ». Mais ce qui étonne le plus Zakaria Abdillahi, c’est le « silence assourdissant » des démocraties occidentales et « particulièrement la France ». « Pourquoi les élections ne se déroulent pas dans la transparence à Djibouti ? Il y a évidement des intérêts économique et stratégiques. Djibouti se trouve sur la route du pétrole. Il y a la présence militaire française, américaine, japonaise, chinoise… Avec autant d’intérêts, les droits de l’homme sont relégués au second plan » se désole l’avocat djiboutien. Avant de prévenir : « avec un taux de chômage qui frôle les 70%, ce régime prépare une véritable explosion sociale. Le port de Djibouti génère des millions de dollars par jour. Mais cet argent n’est pas redistribué aux Djiboutiens, il ne va même pas des les caisses de l’Etat ! Ce pays va à la dérive ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les racines ne peuvent alimenter l’arbre qu’en fonction de ses capacités de prise. Les racines grandissent, deviennent plus raides, plus toniques, à mesure que le tronc s’elargi et que les bronchages se démultiplient Tout en se ramifiants….. Les feuilles (population) contribuent à faire vivre l’arbre au même titre que les racines (interdépendance bidirectionnelle) …. Voilà comment feu Omar Osman rabais (paix en son âme) a défini ce qu’est une Nation pour expliciter l’idée selon laquelle une mutation socio-économique et politique du temps et un accompagnement méticuleux ….. Merci maître de prendre le temps de bien saisir le sens de ce qui est dit ici pour ne pas nous entraîner vers un précipice….