Le président Joseph Kabila tente une nouvelle ouverture politique en proposant un dialogue avec l’opposition, qui craint une simple tentative de partage du pouvoir en vue d’une possible transition.
Un dialogue pour quoi faire ? C’est sans doute cette question que doit se poser l’opposition congolaise après la visite d’un émissaire du président Joseph Kabila la semaine dernière aux QG des principaux partis. C’est le responsable des services de renseignements congolais (ANR), Kalev Mutond, qui a joué les intermédiaires. Lorsque l’on connait le climat délétère qui règne actuellement à Kinshasa et le rôle de l’ANR dans la répression des opposants politiques, on imagine l’ambiance de ces rencontres à Kinshasa. Les geôles de l’ANR sont en effet régulièrement dénoncées par les ONG des droits de l’homme comme des lieux de détentions extrajudiciaires.
Enième tentative d’ouverture
L’invitation au dialogue de Joseph Kabila intervient après deux tentatives avortées d’ouvrir le débat avec l’opposition et d’élargir sa majorité. En septembre 2013, le président congolais avait lancé en grade pompe les Concertations nationales. Objectifs affichés : consolider la cohésion nationale et mettre fin « au cycle infernal des violences à répétition ». Si les rebelles du M23 ont bien été vaincus en novembre de la même année, la violence n’a pas cessé à l’Est du pays, comme le montre encore les massacres de ce week-end à Beni. A part la loi d’amnisties, aucune autre disposition des Concertations nationales n’ont été appliqué et le dialogue avec l’opposition, notamment sur le calendrier électoral, est resté au point mort. Fin 2014, le président Kabila avait une autre opportunité de tendre la main à l’opposition en remaniant le gouvernement d’Augustin Matata Ponyo. L’ouverture a été « minimaliste », réduite à l’entrée au gouvernement de Thomas Luhaka, le secrétaire général du parti d’opposition, le MLC, aussitôt démis de ses fonctions.
Vers une transition ?
Cette troisième main tendue laisse donc sceptique les opposants congolais. Deux pièges sont à éviter : la simple opération de partage du pouvoir et de débauchage et l’éventualité d’une transition politique à venir. Car pour se maintenir au pouvoir, le président Joseph Kabila, voit les différentes options s’évanouir les unes après les autres. La communauté internationale et l’exemple Burkinabé interdisent toute modification de la Constitution. Et les violentes manifestations de janvier 2015 (42 morts au bas mot) ont étouffé le projet de faire glisser le calendrier électoral en liant la tenue des élections de 2016 au recensement de la population – voir notre article. Pour faire glisser le calendrier, le camp présidentiel possède encore d’autres tours dans sa manche : la loi de décentralisation, précipitée et non-financée, qui peut retarder les élections provinciales de 2015 et donc la présidentielle de 2016. Et enfin, le manque de financement des scrutins (sept en moins de deux ans) qui pourraient également retarder le processus électoral.
« Félix Premier ministre ? »
Pour faire glisser le calendrier et au vu des manifestations violentes de janvier à Kinshasa et de la contestation qui grimpe au Burundi pour les mêmes raisons, Joseph Kabila doit à tout prix trouver un consensus politique pour se maintenir au-delà de 2016. La majorité des observateurs de la politique congolaise note que cette proposition de dialogue tombe à point nommé. Chacun craint en effet la négociation d’une possible transition politique entre la majorité et l’opposition (du moins ceux qui accepteront le dialogue). Pour le moment, les différents leaders de l’opposition sont divisés sur la question. Comme souvent : UNC (Vital Kamerhe) et MLC (Jean-Pierre Bemba) se tiennent à distance et « renoncent à tout partage du pouvoir ». Ces deux partis attendent le retour du président Kabila sur leur contre-proposition de calendrier électoral déposée à la Commission électorale (CENI) fin avril 2015 – voir notre article. A l’UDPS, comme toujours, la position est flottante entre Bruno Mavungu, secrétaire général du parti, plutôt sur la ligne du refus de l’UNC et du MLC et Félix Tshisekedi, le fils du leader historique de l’UDPS, Etienne Tshisekedi. Si un dialogue « à minima » est bien présent dans le mémorandum de l’UDPS transmis au président Kabila, Félix apparaît de plus en plus comme le partisan d’une ouverture politique assumée vers la majorité présidentielle. A Kinshasa, la machine à rumeurs tourne à plein régime et propose même « Félix Premier ministre », comme son père sous Mobutu dans les années 1990. Même si cette option est plus qu’irréaliste et sans intérêt stratégique pour Joseph Kabila, le débat sur la participation de l’opposition à un possible gouvernement d’union nationale est relancé. Et c’est sans doute cela que cherche une fois de plus Joseph Kabila : diviser l’opposition à défaut de pouvoir faire l’unanimité dans son propre camp.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Un dialogue avec udps peut-il aboutir à quelque chose de bon à moins qu’elle ait le courage de se choisir un nouveau avec un esprit rénovateur sinon ça sera un débat inutile et rendez vous manqué sous les habitudes de l’udps, combien des rencontres par elle exigées depuis le marechal jusqu’ à ce jour qui ont déjà apporté un concensus de sortie de crise où elle s’est elle même impliqué? Dialogue d’accord mais inclusif ou exclusif car à suivre leurs mémos respectifs, ils parlent d’un groupe restreint qui y prendra part et qui sera exclu? De toutes les façons,bien que réclamé par l’udps comme préalable à la tenue des élections, c’est une perte de temps et rencontre inutile sans interêt pour le peuple. L’opposition ne peut que s’organiser, monter un leadership responsable devant mobiliser le peuple à s’impliquer dans le processus électoral en prenant en otage la ceni dans toutes ses dimensions pour une alternance civilisées plutôt qu’être distraite comme en 2011.
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à ce stade , les chômeurs n’ont pas besoins d’un dialogue fantôme aux intérêt des un et des autres, nous voulons l’altenance dans les institutions car les intellectuels n’ont gain d’avantage