Un rapport de Médecins du Monde dénonce les violences faites aux Congolais expulsés d’Angola malgré le récent changement de politique migratoire entre les deux pays.
Le sort des réfugiés congolais expulsés d’Angola suscite toujours l’inquiétude de l’ONG Médecins du Monde qui opère depuis bientôt 2 ans à la frontière angolaise. Un rapport alarmant a été présenté le 25 juin 2014 à Kinshasa en présence de la Ministre du genre et de la famille congolaise, Geneviève Inagosi. Depuis maintenant plusieurs années, les expulsions de Congolais d’Angola se déroulent « dans des conditions déplorables, au mépris des droits humains« , selon l’ONG. Au coeur de l’inquiétude de Médecins du Monde : les violences dont sont victimes les migrants Congolais : « extorsion de biens, torture, viols… parfois collectifs » souligne le rapport.
Les violences sexuelles en augmentation
Chaque année, ce sont des milliers de Congolais qui viennent tenter leur chance en Angola pour travailler dans les entreprises minières, le plus souvent illégalement. Régulièrement, les autorités angolaises procèdent à des expulsions massives de Congolais. Des expulsions assorties de violences, notamment sexuelles. Il y a tout juste un an, les provinces frontalières de Lunda Norte, en Angola, et du Kasaï occidental, au Congo, avaient pourtant signé un accord de libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Dans son rapport, Médecins du Monde explique que « des laissez-passer payants (42 dollars) de 72 heures sont désormais délivrés aux Congolais, grâce auxquels ils peuvent se rendre en Angola, dans un rayon de 10 km« . Mais le bilan de ces mesures reste amer pour l’ONG qui constate même une augmentation des violences sexuelles. « Le nombre de nouveaux cas mensuels est passé de 48 en moyenne entre mai 2013 et juillet 2013, à 111 en moyenne entre novembre 2013 et février 2014, soit une augmentation de 131%« .
Pour « une réelle circulation des personnes«
Devant l’absence d’amélioration sur le dossier des expulsés d’Angola, Médecins du Monde tire la sonnette d’alarme et appelle la communauté internationale et les gouvernements concernés « à prendre des mesures concrètes pour mettre un terme à ces violences« . Selon l’ONG, les deux gouvernements devraient rapidement « mettre en place un nouvel accord sur les mécanismes de régulations migratoires« . Un accord qui devrait assouplir les procédures « pour une réelle circulation des personnes, tout en protégeant les droits de ces migrants économiques« .
Dans ce dossier, comme dans beaucoup d’autres, les relations bilatétales complexes entre la RDC et l’Angola empêchent à Kinshasa de peser fortement sur Luanda. Un accord de coopération militaire a été signé en 2013 entre les deux pays et un différent pétrolier empoisonne régulièrement les relations diplomatiques angolo-congolaises.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia