Commission électorale, Cour constitutionnelle, réforme judiciaire, remaniement dans l’armée… le tandem Tshisekedi-Kabila n’est d’accord sur rien. Les différends au sein de la coalition au pouvoir paralysent les institutions et le gouvernement, au risque de déborder dans la rue.

Pas une semaine ne se passe en République démocratique du Congo (RDC) sans qu’un nouveau désaccord n’éclate dans l’étrange coalition contre-nature qui allie Félix Tshisekedi et l’ancien président Joseph Kabila. Au coeur de cette guerre de tranchée : un nouveau chef de l’Etat porté à la présidence par des élections contestées, sans pouvoir effectif, qui cherche à s’émanciper ; et son prédécesseur, ultra-majoritaire au parlement qui ne rate aucune occasion de lui savonner la planche dans l’espoir de revenir dans le fauteuil présidentiel.
Dans ce jeu de dupe basé sur un accord politique secret de partage du pouvoir, la plateforme présidentielle Cach de Félix Tshisekedi bute systématiquement sur la majorité FCC de Joseph Kabila… et inversement. Lorsque l’un dit noir, l’autre pense blanc. Et la liste des désaccords est tellement longue que l’on se demande quelles sont les sujets qui font consensus au Conseil des ministres, en dehors (peut-être) de la lutte contre le Covid-19.
Bataille pour la Cour constitutionnelle
Dernier épisode en date, le refus de deux juges de la Cour constitutionnelle de siéger à la Cour de cassation après leur nomination par Félix Tshisekedi. Noël Kilomba Ngozi Mala et Jean Ubulu Pungu, n’ont en effet pas prêté serment cette semaine au Palais de la Nation. Les deux juges récalcitrants affirment ne pas avoir été consultés et avoir appris leur changement d’affectation devant leur poste de télévision. Les deux magistrats avancent enfin un autre argument selon lequel le président Tshisekedi n’était pas en mesure de procéder à ces nominations touchant à la Cour constitutionnelle.
Derrière ce bras de fer, il faut noter que les deux juges « rebelles » avaient été nommés par Joseph Kabila et étaient en poste pendant la crise pré et post-électorale de 2015 à 2018. Ce sont ces mêmes juges qui avaient validé le « glissement » des dernières élections générales, écarté la candidature de Jean-Pierre Bemba et invalidé des députés de l’opposition avant de revenir sur leur décision, contrairement à ce que prévoit la Constitution qui rend leurs arrêts irrévocables. Mais c’est surtout cette même Cour qui décidera qui pourra concourir ou non pour la présidentielle de 2023 et qui tranchera les litiges post-électoraux. On comprend donc un peu mieux pourquoi leur départ pour la Cour de cassation inquiète le FCC qui espère bien récupérer le fauteuil présidentiel dans 3 ans.
Bras de fer pour le contrôle de l’armée et de la justice
Le changement d’affectation de ces deux magistrats n’est pas le seul point de désaccord des récentes ordonnances présidentielles du 17 juillet dernier, qui ont essentiellement concerné un vaste remaniement dans l’armée congolaise – voir notre article. Le Premier ministre FCC, Sylvestre Ilunga, en a contesté la légalité, affirmant que ces ordonnances n’avaient pas été présentées en Conseil des ministres et ne reconnaissait pas la contre-signature de son vice-premier ministre au bas du document. Cet épisode avait provoqué l’ire du FCC de Joseph Kabila, qui avait crié au « non respect des procédures » et avait jeté ses militants dans les rues pour dénoncer « une dérive dictatoriale ». Le FCC redoute en fait que ce jeu de chaises musicales dans l’armée finisse par affaiblir l’influence de Joseph Kabila au sein des FARDC.
Mais le président Tshisekedi n’est pas le premier à s’affranchir des procédures pour tenter d’imposer ses décisions contre l’avis de son turbulent « partenaire ». Fin juin, le FCC avait essayé de faire passer en force une réforme judiciaire visant à davantage contrôler les magistrats par le ministre FCC de la justice. Les trois textes de lois avaient provoqué la colère de l’opposition congolaise dans la rue, mais aussi de l’UDPS de Félix Tshisekedi, censée pourtant être en coalition avec le FCC ! Dans ce dossier, le parti présidentiel accusait le ministre de la justice d’avoir omis de présenter le texte en Conseil des ministres avant de l’envoyer à l’Assemblée nationale. Décidément, une bien mauvaise habitude au sein de la coalition au pouvoir. Félix Tshisekedi a tout de même fini par obtenir la démission du ministre de la justice Célestin Tunda.
Passe d’armes autour de la présidence de la CENI
L’autre pomme de discorde entre le FCC et Cach, avec 2023 pour ligne de mire, concerne la désignation polémique de Ronsard Malonda à la présidence de la Commission électorale (CENI). Là encore, le FCC utilise le Parlement pour imposer ses choix. Le nom de l’actuel numéro 2 de la centrale électorale a en effet été entériné par l’Assemblée nationale après un vote contesté par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et les protestants de l’Église du Christ au Congo (ECC). La CENI est accusée d’être largement dominée par les pro-Kabila. L’opposition et la société civile réclament une réforme complète de la Commission et un président plus consensuel. L’UDPS redoute que Ronsard Malonda ne soit qu’un pion de Joseph Kabila à la CENI. Le président Tshisekedi a d’ailleurs fait savoir qu’il bloquait pour le moment le nom de Ronsard Malonda.
Le président de la Cour constitutionnelle sur la touche
Dans la bataille qui oppose Tshisekedi et Kabila, le premier voulant rester au pouvoir et le second souhaitant y revenir, l’actuel président congolais n’a pas uniquement tenté de se débarrasser des deux juges de la Cour constitutionnelle Kilomba et Ubulu. Mi-juillet, un autre feuilleton rocambolesque a secoué la Cour constitutionnelle avec la démission surprise de son président Benoît Lwamba. On accuse en effet Félix Tshisekedi d’avoir poussé vers la sortie ce magistrat sous sanctions internationales après les élections chaotiques de 2018.
Certains ont en effet douté de la réelle volonté de Benoît Lwamba de jeter l’éponge après la publication de deux démentis par son propre directeur de cabinet. Sans attendre le retour de Benoît Lwamba, en soin en Belgique, le président Tshisekedi a précipité la chute du magistrat en « accusant réception » du procès verbal de démission du président de la Cour. Dans ce dossier également, Félix Tshisekedi tente d’écarter un possible gêneur à sa réélection.
Les militants UDPS et FCC dans l’incompréhension
Résultat de ce bras de fer permanent entre Tshisekedi et Kabila : des militants des deux camps déboussolés et une action gouvernementale au point mort. Du côté de l’UDPS, la base accepte de moins en moins les coups de boutoir de leurs coalisés du FCC et ne comprend pas pourquoi leur champion n’arrive pas à « déboulonner » plus vite le système Kabila. Il faut dire que les progrès sont inexistants en matière de sécurité ou d’amélioration des conditions de vie, ce qui commence à décevoir beaucoup de Congolais, emballés par les promesses présidentielles.
Du côté du FCC, c’est également l’incompréhension des militants et des caciques du camp Kabila qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent composer avec ce président sans majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les Assemblées provinciales. Et les tensions entre les deux camps face au blocage institutionnel virent parfois à un inquiétant affrontement par manifestations interposées. Les militants des deux camps ont visiblement toujours du mal à intégrer le scénario improbable de partage du pouvoir imposé par Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Article bien écrit, l’interpellation vaut son pesant d’or. Au fait, les crises et troubles récurrentes au RDC tirent son origine du fait de manque de légitimité de leurs dirigeants et institutions. Tenez, l’ex Président » Joseph Kabila Kanambe » n a jamais remporté des élections au RDC, ni en 2006 ni en 2011, c’est pour cela, son PPRD- FCC impose le choix de Ronsard et autrefois de Naanga et Basengezi, l’ultime bouée de sauvetage. Ces godillots qui sont grâcement payés pour imposer et accompagner l’imposture rwandaise au pays. Le RDC est le théâtre de la médiocrité politique et de la mauvaise gouvernance par excellence. Une opposition infiltrée par le FCC, des députés officiellement membres de Lamuka mais en réalité, des » Josephiste Kabiliste » comme le députain,ancien garçon de rue Daniel Safu ou l’inconstant Puela et autres… Malgré son deal avec le diable FCC, je soutiens le Président Fatshi, entre un frère et un ami, le choix est clair, dit-on. L’impunité doit cesser dans ce pays, la justice élève une nation, les criminiels comme le minable Mova, le voleur Boshab, le milicien Shadary, le tanzanien Selemani, la fausse jumelle Hildegonde ‘ Janet Kabila’, Francine Muyumba (mariage blanc et torture), le sanguinaire « Zoé Kabila », le violeur Alexis Tambwe, le tueur Ruberwa, le faux journaliste JMK, le mafieux Néhemie, l’imposteur Minaku, le diamantifère Ngokas et autres doivent répondre un jour de leurs actes
Le temps est le meilleur allié de la vérité. Qui sème le vent récolte la tempête ainsi est le principe de la nature. Ça prendra le temps que ça prendra, mais viendra le jour du jugement pour tout ces malfrats. C’est soit la mort ou la prison qui les attendent. Ainsi est faite la vie
Pas de blocage Afrikarabia! Il faut placer dans une dynamique d’un changement graduel.
DRCongo, le pays le plus convoité au Monde.
Je peux faire le plus beau programme inédit dans le monde, pour le bien-être de sa population, mais je serai coincé aux prises de décisions. Parceque nous serons plusieurs à décicder pour la DRCongo et sa population. Qui l’ignore? Secret de polichinelle!
Les puissances s’y disputent et la terre entière y est présente.
Qui gagnera le match. Ah cela, il n’ya que le congolais qui aura le dernier mot, ne l’oublions jamais. Ce pays se redressera. Ce pays est l’Arche de Noé
Les choses doivent changer et cela est de notre responsabilité, nous Congolais.
Dire qu’un juge est pro Kabila car étant nommé pendant le mandat du Président Kabila est un discours bien conçu pour diffuser un message selon lequel Kabila est le mal de ce pays.
Aujourd’hui, la constitution de notre pays reconnaît au Président Tshisekedi le droit de nommer des magistrats, bien entendu, en respectant une certaine procédure. Sont ils pour cela des pro Tshisekedi? Ou est ce un message encore bien conçu de certaines Chanceleries et médias pour nous faire comprendre que rien ne marche et ne marchera chez nous.
Pour ce qui est de la coalition, si accord il existe, autant encourager les deux parties à l’appliquer. Nous encourageons le Président Tshisekedi à prendre les décisions qu’il faut pour le pays tout en respectant les textes, nous l’encourageons à promouvoir des officiers dans l’armée en application d’une vision claire de renforcement des capacités de notre armée et non pour plaire à une administration étrangère soit elle la plus “démocratique” au monde. Nous encourageons le Président Tshisekedi à renforcer les institutions Démocratiques du pays (parlement, sénat etc…), à renforcer le caractère de la décentralisation prônée dans notre constitution, à renforcer le système de la justice en octroyant les moyens nécessaires importants en améliorant les dépenses étatiques et en luttant contre la corruption et le courage des recettes.